Difficile de parfaitement définir le dernier film de Ben Stiller, quelque part entre comédie et drame, entre aventure et fantastique. Pour autant, le travail, d’un strict point du vue technique, de l’acteur/metteur en scène est agréable à l’œil, très réussi techniquement, la preuve en est d’un générique absolument génial. La vie rêvée de Walter Mitty tient ses promesses, celles consistant à nous faire découvrir de très beaux paysages, islandais essentiellement, celles aussi qui consistent à nous rappeler que l’homme est rêveur par définition. Oui, voici l’histoire abracadabrante d’un looser, non pas en version tragi-comique, les frères Coen, non pas en version moquerie gratuite, Appatow et Cie, non, plutôt en version douce amère, bon enfant. Rien de bien surprenant, dans le ton, alors qu’il s’agit d’une œuvre de Ben Stiller.
Le réalisateur prend donc également la place d’interprète principal de son film pour en faire ressortir en premier lieu la délicatesse. Avouons que les périples de Walter sont pour le moins contemplatifs, spectaculaires à certaines reprises. Rien n’est pourtant attacher solidement avec les séquences qui précèdent ou qui suiveront, d’où l’impression de contempler un beau rêve inachevé. L’on ne discerne pas très bien non plus les réelles motivations de Ben Stiller, entre rêverie et humour, qui fait d’un film quelque chose d’indéfinissable en ne donnant que très peu de corps et d’esprit à son récit. Si tout est globalement intéressant, agréable est le mot qui convient, l’on reste indéniablement sur notre fin jusqu’à la publication de la dernière couverture de Life Magasine. Oui, tout ça pour ça.
La romance douce qui unit Walter et sa dulcinée, souvent imaginaire, n’est pas non plus d’une force narrative suffisante. Oui, alors que l’on pressent souvent que les mécaniques de la romcom traditionnelle vont se mettre en route, tout tombe pourtant à plat. L’aventure n’est elle jamais non plus palpable, hormis peut-être lors d’une scène très amusante ou Walter s’embarque à bord d’un hélicoptère dont le pilote est ivre mort. A l’inverse, lorsque Walter se bat contre un requin dans les eaux glaciales de l’Atlantique nord, tout semble indéfiniment artificiel. Oui, outre son coté enchanteur, la vie de Walter Mitty est avant tout un film d’une rare inégalité. C’est aussi le cas coté casting ou Ben Stiller semble être le seul vraiment concerné.
Pas désagréable, pas pour autant bénéfique non plus, l’on préfère, au final, Ben Stiller en version Tonnerre sous les tropiques que celui-ci, rêveur, un peu niais et surtout naïf. Commercialement, le bonhomme marque des points. Coté critique, le bilan est plus mitigé. Pour autant, Ben Stiller démontre qu’il est techniquement capable de réaliser un film, un très beau film, visuellement parlant. 12/20