C'est triste, mais je crois que Quentin Dupieux a déjà épuisé son filon, ou du moins qu'il aura à se réinventer rapidement sous peine de ne passer que pour une cinéaste vain et auto-satisfait, qui se cite d'ailleurs grassement dès son quatrième long-métrage, notamment en se référant à Rubber et à Wrong (dont Wrong Cops se veut, il est vrai, être une sorte de spin-off, de "paraquelle" selon le néologisme de mise) ou encore par l'omniprésence de ses morceaux éléctro. En effet, Wrong Cops donne rapidement et durablement le même sentiment que Wrong : celui d'un absurde sans code de lecture, qui déconstruit les codes existants par simple plaisir et sans prendre la peine de se doter d'une vraie consistance. Tout le contraire de Nonfilm et Rubber (de Steak aussi, dans une moindre mesure) qui semblaient vraiment s'appliquer à trouver une réelle cohérence derrière leur non-sens apparent, une sémantique peut-être parfois abstraite mais néanmoins palpable. Cette fois, on sent au contraire le désintérêt profond et provocateur de Dupieux pour ce qu'il filme, marqueur d'un quasi-mépris de ce que devrait être une réelle perspective de création. Wrong Cops est un nouveau film-jouet, qui met donc mal à l'aise dans son cynisme latent. C'est d'ailleurs sans doute ce que veut le réalisateur français, qui ne prend pas une seconde la peine d'éclaircir ses vues sur ce qu'il filme ni même de préciser s'il en a vraiment. Parle t-il, à travers cette amérique désincarnée, de faits sociaux et culturels ? Poursuit-il le sillon de Rubber en cherchant à déformer un certain imaginaire du cinéma de masse américain ? Impossible d'en être certain, et le complet je-m'en-foutisme technique de Dupieux (des cadres expédiés, une nouvelle utilisation du Canon 5D et l'extrême pauvreté de son rendu, un montage bazardé à la va-vite pour recoller les morceaux de ce qui était au départ envisagé comme un chapelet de courts-métrages indépendants...) indique bien la tendance d'un cinéaste qui se décharge complètement de toute crédibilité réelle. D'ailleurs, celui-ci ne s'en défend même pas, avouant que Wrong Cops est simplement "un film autour de (sa) musique" et rien de plus qu'un "besoin de détruire le jouet précédent". Bref, un objet gratuit, à la limite du foutage de gueule.