Un flic qui deale de l'herbe dissimulée dans des rats morts et qui terrorise tout ceux qui croisent son chemin ; un autre, obsédé sexuel notoire, qui harcèle les civiles ; une fliquette un peu pétasse davantage attiré par l'argent que par ses enquêtes ; un officier qui se rêve future star de la musique électro ; un autre qui doit se débarrasser d'un cadavre pas tout à fait mort pour rembourser des dettes liées à la drogue... Voilà de quoi est peuplé le commissariat de Los Angeles sur lequel Dupieux focalise son récit : des agents de police malsains, obscènes et complètement barges ! Si vous avez demandé la police, merci de raccrocher de toute urgence !!! Chacun d'entre eux se livre à quelques savoureux petits numéros, Mark Burnham et Eric Wareheim en tête, sans oublier l'apparition plutôt réussie de Marilyn Manson en ado attardé et introverti ; mais ils révèlent en même temps le gros problème de "Wrong Cops" : au départ pensé comme un film à sketchs composé de plusieurs segments mettant en scène chacun de ces protagonistes, le film n'est au fond qu'une succession de saynètes un peu vaines propices à mettre en avant les délires et pérégrinations de chacun. Alors oui, on rit souvent devant ces situations loufoques et ces dialogues délirants, mais c'est tout. L'ensemble est bien trop sérial, bien trop décousu, et manque cruellement de relief, de profondeur. Là où "Steak" mettait en exergue l'hégémonie de l'apparence, où "Rubber" s'imposait comme une satire du cinéma grand public et de ses spectateurs prêt à se nourrir de n'importe quoi, et où "Wrong" traitait avec brio d'une crise existentielle, "Wrong Cops" n'a absolument aucun double-discours, aucune critique, et tire souvent à blanc.
On retrouve ici une œuvre au visuel numérique et à la photographie au ton clinique bercée par le soleil aveuglant de Los Angeles. On retrouve aussi un univers fou et décalé peuplé de personnages tordus et étranges. Et l'on retrouve aussi la musique électro chère au réalisateur. A propos de cette-dernière, à noter qu'elle n'avait jamais été autant mise en avant dans ses précédents films. Là, elle est vraiment centrale à l'intrigue et aux personnages, puisque plusieurs d'entre eux sont des mélomanes qui aiment mettre le volume très fort en toutes circonstances. Ce point ravira encore plus les amateurs de ce touche-à-tout (on les comprend), et fera grincer les autres des dents comme les voitures de flic crissent des pneus (tant pis pour eux). Autre point où Dupieux ne convainc pas : la mise en scène. Celle-ci est très sommaire, l'imagerie fait très amateur, les cadres sont bâclés... C'est proche d'un soap-opera à l'américaine tourné à la va-vite sans budget et dans des décors factices.
Alors qu'il nous avait habitué à mieux, beaucoup mieux même, Dupieux déçoit franchement avec cet opus pourtant moins abstrait et plus accessible que les autres. Il y a toujours ce petit grain de folie, cette petite étincelle d'idiotie, quelques moments très réussis, on ne s'ennuie pas mais on ne peut s'empêcher de penser que "Wrong Cops" aurait peut-être été bien meilleur si il avait été présenté dans sa forme originale de film à sketchs, au lieu d'une demi-mesure qui n'emporte pas l'adhésion. Peut-être sonne t-il le moment de ralentir pour l'officier Dupieux au lieu de tourner trop vite et de bâcler les choses, avant d’entendre retentir la sirène d'alarme et de devoir se garer sur le bas-côté...
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