Entre Japon de Reygadas; Los Muertos le Llosa, ou le sublime Marketa Lazarova; de Vlacil, Los Salvajes semble comme un réseau de magnifiques splendeurs; qui tracent des ponts entre les genres et les époques. FIlms de fuite, Thriller metaphysique; errance adolescente qui rappelle Putty HIll; film symbole aux protagonistes durs et forts (Comme dans Si je veux siffler je siffle), Los Salvajes est un rare moment de cinéma radicale, évoluant loin du formalisme de tropical malady mais rappelant sa force d'inertie, le film de Fadel est une expérience sensorielle où une nature absorbe la violence d'adolescents tueurs, les avale; les révélants à leur propre force, à une destruction de plus en plus immédiate (l'orage qui gronde mais qui n'éclate pas, la nuit qui enserre les personnages, les sangliers qui suivent leur trace; les gauchos qui les traquent); le récit fait éclater les moments de grace, sépulture du premier garçon, de l'apprentissage de la fauconnerie, à la prise de conscience du mal, tout le film est modelé de génie et de fureur. C'est au retour du frére, au liens de la famille qui se choisit et se redécompose, aux choix d'un naturalisme et au glissement vers un espace mal défini, à la fois objet de troubles et de dépassement, que le film se partage entre une humanité qui se détruit et un individu qui se dépasse, qui de toute façon s'echappe, un chef d'oeuvre.