"Diversion" est l’histoire d’un arnaqueur professionnel (Will Smith) qui va prendre sous son aile une apprentie (Margot Robbie), et dont la relation va aller beaucoup plus loin, bien que la limite entre le bluff et les vrais sentiments n’est jamais loin. Il y a quelques années, Nicky et Jess s’étaient ainsi donc rencontrés lorsque la seconde avait tenté (en vain) d’arnaquer le premier, sans savoir qu’il était lui-même un arnaqueur professionnel. Aujourd’hui, ils se recroisent pour une nouvelle affaire risquée, mais la relation sentimentale qui les anime va très vite perturber leurs plans respectifs… On éprouve un certain plaisir coupable à aller voir le trop rare Will Smith dans son nouveau film. "Diversion" se vend d’ailleurs sur son nom, et celui de Margot Robbie, la bimbo du "Loup de Wall Street". Il est vrai que le projet peut difficilement mettre en avant d’autres atouts, tant on a l’impression de se faire arnaquer. Ça tombe bien, c’est l’un des sujets du film. Il ne faut pas plus de cinq minutes au film pour installer son contexte : un arnaqueur, une rencontre, une apprentie, de l’argent facile, de la manipulation et des belles voitures. Cela va beaucoup trop vite pour qu’on ait le temps d’assimiler ce qui se passe. Volonté scénaristique diront certains, coupes de la production diront les autres. Dans tous les cas, cette introduction est ratée, et ne va pas nous aider à rentrer dans le film. La première partie est ce que j’ai vu de plus laborieux et caricatural depuis longtemps. Seule une scène où le personnage de Will Smith se frotte à un richissime asiatique dans un concours démentiel de paris sportifs pendant un match de football américain vient redorer le blason et mettre un peu de peps à cette histoire qui manque pourtant cruellement de profondeur. Le récit est volontairement décousu, ce qui au fond n’est pas déplaisant. On enchaîne les différentes arnaques et péripéties des personnages. Cependant le manque de fil rouge finit par nous ennuyer, malgré une tentative de séduction par la pseudo-romance, mais qu’on voit venir à 1000 km, tout comme la fin, sans enjeux, qui est tout ce qu’il y a de plus prévisible. Le film tente juste d’être "cool", mais s’enferme en même temps dans un vide scénaristique assez affligeant. Reste la bande originale, inspirée et funky. Mais alors que sont venus faire Will Smith et Margot Robbie dans cette galère ? En fait l’explication est simple. Le premier s’enlise depuis quelques années dans des projets qui ont du mal à trouver leur public, et "Diversion" ne déroge pas à cette règle. Celui qui fut jadis un chasseur d’extraterrestres, un super-héros alcoolique et un coach en séduction n’est aujourd’hui plus aussi bankable qu’avant. Quant à Margot Robbie, elle a été élevée au rang de star en jouant la muse de Léonardo Di Caprio pour Martin Scorsese. Mais difficile de dire si c’était pour sa plastique ou son jeu d’actrice (enfin non en fait, c’est clairement évident). Du coup dans un film sans ambition, il faut bien un homme musclé, fort, à la belle gueule et ultra-connu ainsi qu’une bimbo surcotée pour sauver quelques plans et ravir le spectateur le moins exigeant, même si dans le même temps on renforce les clichés. Ainsi, comme semble l’indiquer son titre, "Diversion" ressemble plus à un objet de divertissement idiot qu’à une œuvre cinématographique en soi. Certains y trouveront leur compte, mais il existe déjà tellement de films similaires, dont certains peuvent se targuer de chercher un peu plus que la simple satisfaction du spectateur primaire qui a mis son cerveau sur "off". Ici, le film fait juste diversion (oui elle est facile celle-là). La volonté des scénaristes/réalisateurs était visiblement d'intriguer et d'étonner le cinéphile, mais leurs innombrables entourloupes ont plutôt l'effet contraire. Quand l'intrigue se conclut enfin, nous n'avons malheureusement plus aucun intérêt pour le destin des protagonistes. Bref, "Diversion" est vraiment un film étrange. On dirait qu'il possède tous les éléments nécessaires à son succès et que pourtant il échoue lamentablement. Il semble vouloir déjouer le spectateur, détourner son attention vers autre chose pour lui voler ses repères et ensuite l'exposer à la réalité, mais il y arrive très mal. Il joue avec les flous, les non-dits, les suppositions, les doutes, les fausses conjectures, mais il s'efforce avec tellement d'obstination à tout dissimuler et ne laisser aux spectateurs que quelques bribes de l'histoire qu'il perd rapidement leur attention. Cet univers nébuleux a également un effet négatif sur l'aspect plus romantique du film. On ne croit jamais vraiment en l'amour que porte Nicky à Jess. Même à la fin, on ne sait pas exactement pourquoi ils s'aiment et ce qui motive leur réunion, trois ans après une séparation énigmatique en Nouvelle-Orléans. Même si Will Smith et Margot Robbie sont magnifiques physiquement, qu'ils sont tous les deux attirants, la magie n'opère pas. Il n'y a jamais d'alchimie entre les deux protagonistes. Comme à de nombreuses reprises on remet en doute volontairement le désir et l'attachement qu'ils ont l'un pour l'autre, le public n'a pas la chance de ressentir cette affection qu'il porte généralement à un couple de jeunes amants séduisants au cinéma. Par ailleurs, le film (toujours principalement en raison de son atmosphère cabalistique) souffre de nombreuses longueurs. La scène des paris lors de la partie de football est interminable (même si on comprend plus tard pourquoi elle est si longue), et les quelques séquences où Nicky tente de reconquérir Jess en Argentine sont aussi, pour la plupart, superflues. Il semble qu'on a voulu enduire le long-métrage d'une énorme quantité de dialogues, mais on ne comprend pas tout à fait leur utilité au sein d'un récit comme celui-ci. Le rythme du film reste cependant plutôt bon et élégant et la bande-son vient clairement un peu sauver la mise. La musique discrète, mais toujours présente, justifie et enrichit ce mystère qui, malheureusement, finit par nous étouffer. Les robes que porte Jess et les coiffures qu'elle arbore sont également magnifiques, mais ne sont pas suffisantes pour pardonner les trous dans le scénario. Il serait probablement cliché de dire que le film manque de focus, mais c'est vraiment ainsi qu'on peut le décrire le mieux. Le long-métrage cherche à nous berner, à nous envoyer sur d'innombrables fausses pistes, mais il oublie de nous captiver. Dommage, puisque si John Requa et Glenn Ficarra étaient arrivés à nous hypnotiser comme ils avaient, j'imagine, l'intention de le faire, le résultat aurait été brillant. Mais, nous devons nous contenter aujourd'hui de ce manque de focus... Cela étant, "Diversion "reste moyen et n'est pas un mauvais film, grâce à une très bonne direction artistique (de magnifiques costumes et décors, ainsi qu'une très belle photographie), quelques rebondissements bien sentis (comme le final du film), des dialogues parfois jubilatoires et un très bon duo d'acteurs Will Smith/Margot Robbie