Voilà un film qui m’a demandé beaucoup de patience... et c’est peu dire ! Pour 1h25 de film, tout l’enjeu se retrouve concentré dans les 20 dernières minutes. En attendant ça, eh bah pas grand-chose... Certes, quelques plans sont jolis ; et certes Ryan Coogler arrive à faire en sorte que, grâce à son ton naturaliste, il arrive à rendre la simple journée ordinaire de ce jeune Oscar un minimum intéressante... Mais bon, franchement, j’ai tenu parce que je me doutais bien que ce portrait sans élément perturbateur ; ce portrait d’un mec qui se contente juste d’essayer de s’en sortir ; devait certainement cacher quelque-chose. Or oui, la péripétie finale, donne tout son sens à la démarche globale car ce traitement sans trop d’artifices narratifs permet du coup de donner de l’ampleur à la rupture qui survient, et c’était clairement le but. Alors – je ne dis pas – ça marche. En tout cas, ça a marché sur moi, ce qui fait que j’en suis ressorti sur une bonne impression, au point de me dire que les longueurs connues au début avaient leur utilité dans l’expérience cinématographique que j’avais vécu. Je pense que ça a d’autant plus marché que je ne savais rien de ce film, et je vous conseille fortement d’y aller ainsi, l’effet de « surprise » jouant son rôle dans le plaisir ressenti. Mais bon, après, je me dois aussi d’être entièrement honnête vis-à-vis de vous, cher lecteur, en précisant quand même deux choses. D’une part, malgré les belles images et les beaux moments, j’aurais aimé que Ryan Coogler sache donner davantage de relief à la vie d’Oscar, et qu’on puisse vouloir en connaitre le déroulement, indépendamment de cette impression qu’il va se passer quelque-chose. D’autre part, j’avoue que parfois, le regard de Ryan Coogler est un peu trop enjôleur sur son sujet, accentuant artificiellement le fait que ce mec là il était quand même trop sympa, juste une victime du système. Certes, je ne lui en veux pas trop à l’ami Coogler, parce que sans ça, je pense que sa démarche d’offrir un regard différent sur le sujet qu’il entendait traiter serait tombé à l’eau. Mais bon, je trouve que le dosage n’est pas totalement maitrisé. On n’en est pas loin, mais j’avoue que, me concernant, ça a quand même nécessité un effort d’occulter ça pour apprécier le film pour ce qu’il est. Mais bon, en fin de compte je pense quand même qu’on a à faire là à un film honnêtement fait, pas parfait certes, mais qui a au moins le mérite de proposer une expérience de cinéma pas si anodine que ça. Un film que je ne déconseillerais donc pas...