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Un visiteur
3,5
Publiée le 25 avril 2014
"L'Etudiant", c'est un peu l'art de la dialectique bancale, le raisonnement par l'absurde qui acquiert un caractère indiscutable. Mais également, un film sérieux sans se prendre au sérieux. Si le propos de Darezhan Omirbaev est clairement critique envers le libéralisme immodéré auquel la société kazakhe se trouve soumise, il ne tombe jamais dans l'excès de démonstratif, préférant même grossir le trait dans une sorte d'horreur burlesque plutôt que de prétendre à une lucidité subtile - par exemple, cette incroyable scène fantasmée dans laquelle le jeune oligarque va battre à mort avec son club de golf l'âne qui venait de l'aider à démarrer son 4x4 embourbé dans une flaque de boue.
Une adaptation de Dostoïevski sous la forme d’un pamphlet anticapitaliste : nous sommes au Kazakhstan et les apparatchiks y étalent leurs richesses et leur pouvoir démesuré. Un étudiant pauvre, perdu entre néolibéralisme sauvage et injustice sociale, tue un vendeur (et une cliente qui se trouve là par hasard) pour lui dérober sa caisse. Logique libérale poussée jusqu’à l’absurde : prendre l’argent où il se trouve devient la seule règle existentielle. Oubliée la dimension métaphysique du roman et la complexité abyssale du protagoniste : nous sommes ici dans la pure littéralité d’une critique sociale (très démonstrative). La mise en scène est à l’avenant, assez scolaire. Si la démarche est politiquement louable, le film, lui, pâtît de ne pas dépasser le statut de tract édifiant.
N'est pas Bresson qui veut... La mise en scène d'Ormibayev fait dans le lourd, l'appuyé, le démonstratif, le sursignifié (nous coller un documentaire animalier où des lions bouffent une girafe, merci, on avait un peu compris de quoi il s'agissait). Son film voudrait nous glacer le sang devant les horreurs du monde libéral, mais il nous pétrifie d'ennui. Deux ou trois scènes à sauver, au mieux !
Depuis quelques films, Omirbaev piétine. Il ne suffit pas de filmer des gens qui marchent pour faire du Bresson. Les discours politiques, intéressants en soi, sont trop explicatifs. Surtout, l'acteur principal est inexpressif au dernier degré. Quand il disparaît enfin (dans les 10 dernières minutes), Omirbaev retrouve un peu ce qui faisait la force de ses deux premiers longs métrages, "Kaïrat" et "Kardiogramma" : un onirisme dépouillé, minimaliste.
Film exigeant, d'une grande finesse et d'une pudeur remarquables, tout sauf démonstratif, presque abstrait. L'absence de charisme du protagoniste est nécessaire à la perception de l'esprit du personnage, et finit par nous toucher. Ce film fait confiance au spectateur. Tout est dans l'ellipse. Qui plus est, le voyage au Kazakhstan n'est pas sans intérêt. Je n'y avais jamais été encore.
Film d'un ennui sans égal. Il faut avoir dégluti un kg d'orange pour résister à un film presque muet, sans musique, dont l'acteur principal n'a aucun charisme, je dis bien aucun, tellement d'ailleurs que le sujet du film, intéressant, reste lettre morte. Un casting aussi raté tue vraiment le film.
Chouga, le précédent film de Darezhan Omirbayev, était librement inspiré d'Anna Karenine, dans le Kazakhstan d'aujourd'hui. Même principe pour L'étudiant, "adapté" de Crime et châtiment, qui est surtout un prétexte pour illustrer la dérive capitaliste d'un pays qui faisait partie de l'URSS, il n'y a pas si longtemps. Fidèle à son habitude, Omirbayev livre une oeuvre minimaliste, peu dialoguée, quasi sans musique, à l'interprétation neutre et sans volonté d'étude psychologique. Ce n'est pas trépidant, c'est le moins que l'on puisse dire, mais cette poésie sèche, ce réalisme dénué d'affect, dans un style néo-bressonien, sont loin d'être sans intérêt quand on a un tant soit peu l'envie de s'ouvrir vers des cinématographies "différentes."
Voici une soi-disant adaptation kazak de Crimes et Châtiments. Un jeune étudiant se fait tabasser par les sbires d’un riche milliardaire. C’est bien connu, tous les riches milliardaires sont des méchants. Lui a l’impression d’être un nul. Son professeur de philo ultralibéral le lui a bien dit : seuls les forts doivent réussir, c’est la loi implacable de la nouvelle société capitaliste. Que les faibles disparaissent, c’est leur lot. Comme il ne veut pas compter parmi les faibles, notre étudiant se dit qu’il a le droit lui aussi d’avoir de l’argent et organise un braquage chez l’épicier du coin… Pas de musique, presque pas de dialogues, gros plans interminables sur un visage las qui a l’air de porter tous les malheurs du monde, pas d’action, scènes d’une longueur interminable. On meurt d’ennui. On a envie de lui dire de retourner à ses études et de cesser de se plaindre car il a au moins la chance d’aller à la fac. Il y a des gens moins bien lotis que toi mon garçon, on a vu des centaines pendant le festival de Cannes, alors cesse de te faire plaindre et épargne nous ta tête de jeune déprimé.