Le sujet original de ce drame danois peut être résumé par l’une de ses répliques : « On part toujours du principe que les enfants ne mentent jamais, et malheureusement, ils mentent souvent ».
Septième long-métrage du cinéaste danois Thomas Vinterberg, qui a accédé à la notoriété en 1998 avec Festen, récompensé par le Prix du Jury au Festival de Cannes, La Chasse aborde les thèmes délicats du poids de la parole enfantine, de la suspicion et de la justice personnelle. Sa genèse provient d’une première rencontre ratée entre le réalisateur et un psychologue pour enfants au début des années 2000, qui a tenté de lui faire entendre un discours sur le caractère viral de la pensée. Réticent à l’idée de l’écouter, Vinterberg lui ferme sa porte mais revient sur sa décision dix ans plus tard en recontactant le psychologue en question. Et c’est ainsi que la Chasse est née.
La réflexion philosophique et psychologique qui découle du scénario part d’une idée rarement traitée au cinéma : la crédibilité infaillible apportée à la parole d’un enfant, un être qui n’est pourtant pas encore en mesure de prendre conscience de la portée des mots et des idées. L’ennui, c’est que cette pensée part d’une vision idéalisée de l’enfant et peut avoir des conséquences désastreuses. La Chasse illustre l’une d’entre elles et présente la vendetta organisée contre Lucas, un homme innocent accusé par la parole d’une enfant incapable de réaliser l’impact de ses mots. Mais les adultes, eux, le sont, et très vite, Lucas devient la cible de la méfiance, de la suspicion et d’une justice personnelle organisée sans aucune preuve recevable. Le poids et la portée de la parole sont donc au cœur de ce film.
En tête d’affiche, l’acteur danois le plus mondialement connu, Mads Mikkelsen, incarne cette victime de lynchage public prête à tout pour prouver son innocence. Son dévouement et son implication dans son rôle ne laissent aucun doute, offrant une prestation juste et marquée par la douleur. Une fois encore, Mikkelsen prouve aux yeux du monde son talent d’acteur, qui est d’ailleurs récompensé par le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes 2012. Bien qu’en France, la Chasse n’ait réuni que 140 000 spectateurs dans les salles, la pertinence de son sujet et la précision de son acteur principal valent à elles-seules le détour.