(Critique amputée)
Bon dans la chasse on a déjà un progrès formel, faut pas en demander trop à ce pauvre Vinterberg qui trouve insultant de dire qu'il fait un come back, encore faudrait-il avoir déjà été "in" pour revenir. Mais après question personnage c'est pas ça. Et là on en vient tout de suite à la qualité du film : l'interprétation. M'étonne pas qu'il y ait eu un prix à Cannes pour ça, le reste est tellement mauvais qu'il n'y a que ça : l'interprétation qui est toujours juste. Franchement là dessus, c'est assez excellent, rien à redire, et pas seulement Mads Mikkelsen, mais vraiment l'ensemble du casting.
Seulement après ça se gâte parce que des personnages il n'y en a pas. Ils n'ont aucune profondeur, même Mikkelsen est transparent (enfin son personnage), il est là, il fait des trucs, mais qu'est ce qu'il pense ? Son point de vue il est où là ?
Le film s'enquiquine à suivre Mikkelsen pendant une bonne partie du film en tentant d'être neutre. Seulement lorsqu'on filme TOUT ce qui peut être utile au spectateur on est plus neutre on est démonstratif.
On la démonstration de comment un complexe d'électre peut mal tourner. Mais ensuite ?
Je veux dire ça nous apporte quoi de voir le frère montrer des phallus turgescents à sa soeur ? De savoir Mikkelsen innocent ? Mais avait-on vraiment besoin de le savoir ?
Hitchcock nous montrait-t'il directement la solution dans le faux coupable ?
Le film ne table pas une seule seconde sur l'humain. On est dans une lourde procédure démonstrative. Boum on voit la raison du prétendu viol, boum on voit le chien que Lucas adore. Ohh que va-t'il arriver au chien ? Suspens !
Le film manque de grâce. Pour comparer on a LVT qui est issu du même mouvement que Vinterberg qui nous sort Melancholia qui lui a beau être méchant les personnages ne sont pas manichéens, ils existent, c'est peut-être pas le film le plus subtile du monde mais il est inondé par une grâce.
La chasse ne l'a pas. On est obligé de voir Mikkelsen présenter son chien à sa copine, on obligé de le voir parler de son chien. Et finalement ça devient tellement artificiel qu'on sait ce qu'il va en advenir.
Si on n'est pas dupe on sait que si on parle d'un truc (surtout dans un film aussi lourd que celui-ci) et qu'on en parle encore et encore, ça va arriver, ce qui pend là, au bout du nez, gros comme une maison.
Mais là pour le moment je parle d'une lourdeur, mais je ne parle pas encore de ma haine du début du film. Cet agacement face à l'accusation à tort de Mikkelsen.
J'ai été agacé simplement parce que c'est perché. Que la fille ait un complexe freudien non résolu, ok.
Mais lorsqu'il y a suspicion de viol, je suis navré on ne fait pas répéter la gamine. Jamais. ça ne se fait pas. Et surtout que le pseudo psy, mais putain, il est nul. Genre : "ouais, non mais trop que ça se pourrait qu'elle ait été violée". Mais genre. WTF ? Tu lui poses des questions super précise, tu l'impressionnes forcément elle va te répondre ce que tu as envie d'entendre. Je suis prof, je sais bien que si on prodigue un étayage maïeutique, l'élève va juste dire ce qu'on veut entendre. Rien de plus. Là c'est pareil.
Putain mais regardez Polisse, vous voyez les policiers dire : "alors tu as vu du blanc sortir de son zizi ?". Mais putain, c'est un film de science fiction ce truc. Une uchronie où le bon sens aurait disparu. On dirait Gérard 67 ans consanguin de frère en fils qui parle. Je sais bien qu'au début on nous filme cette ambiance beauf avec seul Mikkelsen qui semble un peu civilisé, mais bon, quand même. Il y a des limites à la consanguinité. Là on est dans le grand n'importe quoi.
Et on va se taper des scènes lourdingues, genre celle avec le chien, je reviens là dessus, mais bordel non quoi. Comme ça on a bien en pitié l'homme de bien accusé à tort. Non le mec ne pourrait pas être un peu gris, il faut qu'il soit tout blanc. On le voit dans la scène d'intro sauter dans l'eau pour son pote. Il ne pourrait pas être plus mitigé ? Je ne parle pas de ses petits excès de violence, qui sont justes normaux pour quelqu'un accusé à tort (enfin je pense). Putain j'aimerai un perso moins lisse. Et limite j'aurai aimé avoir un doute sur sa culpabilité, que l'on ne nous dise rien, qu'on ne fasse pas du spectacle là dessus non plus. Mais ainsi le spectateur aurait pu être pris du doute, et vu les réactions qu'on peut lire, entendre sur ce que les gens feraient aux pédophiles, ça les feraient peut-être réfléchir sur la loi du talion. Ils seraient toujours pris de ce doute, coupable ou non. Là il ne l'est pas, on le sait. Donc bon. Seulement le film ne raconte rien de plus que son pitch. Et ne prends pas la peine de s'offrir des scènes de vies, tout doit être utilitaire (pour bien montrer qu'on est pas chez Pialat).
Du coup dès qu'il se passe un truc on sent la lourdeur du film nous tomber dessus et nous écraser.
Il y a vraiment un problème de traitement. Et puis cette fin ? mais non quoi. Non... Non...
Et ce coup de boule quoi. Plus démagogique tu meurs.