Im Sang-soo a voulu appeler son film L'Ivresse de l'argent pour l'inscrire dans le contexte politique et social de son pays : "L’actuel président coréen a souvent été comparé à Silvio Berlusconi, car c’est un nanti qui avait promis aux Coréens de les rendre aussi riches que lui. Mais finalement, seuls ses amis intimes se sont enrichis, et la Corée s’enlise dans le marasme, entre chômage et conditions de travail abusives. Les Coréens, qu’ils soient riches ou pauvres, sont tous devenus obsédés par l’argent", a expliqué le cinéaste lors du festival de Cannes 2012.
En guise de références à L'Ivresse de l'argent, Im Sang-soo ne cite pas de films ou de cinéastes en particulier mais plutôt des auteurs comme William Shakespeare et Honoré de Balzac : "(...) je voulais retrouver les personnages classiques et le souffle épique de [ces] œuvres", explique le cinéaste.
Im Sang-soo et l'équipe du chef décorateur ont cherché à placer les personnages du film dans des décors à la fois élégants et sophistiqués. De nombreuses toiles d'artistes asiatiques comme Hong Kyoung Tack ou Hwang Se-joon apparaissent ainsi sur le mur de ces amateurs d'art. Le cinéaste apprécie le contraste entre ces belles toiles et l'évolution des personnages : "Les tableaux aperçus dans le film (...) sont éblouissants, mais les êtres qui les côtoient au jour le jour ne cessent de s’enlaidir, ce qui est pour le moins ironique."
Pour bien diriger ses acteurs, le cinéaste a choisi une approche plutôt minimaliste : "Je n’aime pas les cris, les gémissements, toutes les explosions d’émotions en général (...) Sur le plateau, je me demande toujours comment permettre aux acteurs d’en faire le moins possible. Je pense que c’est par une approche minimale du jeu que les émotions authentiques affleurent", explique-t-il.
Avec L'Ivresse de l'argent, c'est la première fois dans sa carrière que l'acteur Yun-Shik Baek tourne des scènes de nudité. Né en 1947 et donc davantage habitué à camper des personnes âgés, l'acteur a dû changer ses habitudes. Il n'est pas le seul puisque Youn Yuh-jung, qui joue sa femme et qui a le même âge que Yun-Shik Baek, a aussi montré son corps pour la première fois à l'écran.
Sur le tournage de L'Ivresse de l'argent, Im Sang-soo a retrouvé de nombreux collaborateurs comme Woo-hyung Kim, le directeur de la photographie qu'il connaît depuis le tournage d'Une Femme coréenne en 2003 et qui a participé à tous ses films depuis. Il a aussi de nouveau travaillé avec son producteur Seo Jung-hun, qu'il a rencontré en 2005 pour le film The President's Last Bang.
L'argent étant omniprésent dans l'histoire du film, les accessoiristes ont eu la lourde tâche de fabriquer plus de 50 000 billets de 50 dollars et 50 000 billets de 100 dollars. Au total, il y avait sur le plateau un total de 7,5 millions de dollars en faux billets !
L'actrice Hyo-jin Kim collabore de nouveau avec Im Sang-soo après un petit rôle dans The Housemaid (2010), son film précédent. Le cinéaste a désiré faire évoluer ce personnage dans L'Ivresse de l'argent.
Après être passé par le Festival de Cannes pour The Housemaid en 2010, Im Sang-soo est revenu sur la Croisette pour présenter L'Ivresse de l'argent.