Oui la thématique, déjà traitée dans l'opus précédent du réalisateur (c'est d'ailleurs, clin d'oeil, la même famille dégénérée avec les gosses devenues adultes) est connue, basique, à savoir un clan de nababs industriels coréens où la moralité corrompue par l'argent sale peine à habiter les apparences des valeurs familiales, même en y croyant éperdument jusqu'au meurtre ou au sacrifice sentimentale et/ou charnel. Pourtant l'auteur fait preuve d'une belle santé en portant son sujet jusque sa fin, pas bâclée du tout, dans un ensemble cohérent qui met juste un peu de temps à s'installer, nous habituant à ce gang quasi consanguins de cinglés. L'image de Sang-soo est léchée, très travaillée, bien que froidement, mais si tous les metteurs en scène adeptes de la caméra épaule vérité possédaient ce savoir, quitte à s'en défaire par la suite, ce serait déjà un énorme bond en avant du cinéma mondial. Si le film nous intrigue, sans nous ennuyer, c'est grâce à une superbe brochette d'acteurs, tous formidables, capables d'insuffler la dose d'ironie nécessaire pour nous arracher plus de gré que de force des sourires cocasses. La morale condamnatoire et distanciée par rapport à l'argent n'est pas nouvelle, depuis Marx ou Platon selon vos références, mais vouloir revenir dessus, au nom de tous les miséreux que ça dépannerait du gargouillis d'estomacs, pour se fixer en rebelle original en mouvement, serait bien le signe des temps, notre temps, que ce film dénonce avec un brio certain. Et Ô mon Dieu, cette jeune actrice coréenne... Découpez-moi en rondelles... Vaut le déplacement à elle toute seule, avec cette moue des lèvres humoristique qu'elles sont souvent dans les films sud coréens, sorte de tic culturel charmeur de cinéphiles.