Film en compétition à Cannes en 2012 et susceptible de remporter la Palme D'Or, The The Taste Of Money de Sang-soo Im se veut avant tout être une lente description d'un milieu corrompu et nous invite à suivre le parcours d'un homme tiraillé par des principes antithétiques. Réalisateur talentueux et qui ose (The Housemaid, Une Femme Coréenne), Sang-soo Im livre une oeuvre d'une beauté formelle éclatante, lente et appliquée, un peu froide et rigide. Sans doute trop sèche pour le plus grand nombre, L'Ivresse De L'Argent est un drame subtil, à l'apathie troublante, qui préfère la peinture acerbe mais classique à la représentation spectaculaire. On savait de la Corée Du Sud qu'elle abritait nombre de talents, Im en fait partie, cela ne fait aucun doute. Son métrage, d'une douceur qui rompt étrangement avec les faits décris, bénéficie d'une mise en scène qui place les comédiens au centre de l'histoire. Bien dialogué, les personnages de The Taste Of Money sont crédibles, parfaitement en phase avec les thèmes traités.
Depuis 10 ans, Young-Jak travaille pour une riche famille. Il est aussi fidèle qu'épris de réussite sociale. Mais comme souvent, le pouvoir, le désir de puissance ne font pas bon ménage avec la sensibilité des âmes et Young-Jak se retrouve mêlé à des luttes intestines complexes...
Évitez ce film si vous aimez les cadences infernales. L'Ivresse De L'Argent joue dans la cour des grands films qui n'ont pas qu'un message vertueux et qui symbolisent autant qu'ils dépeignent. Ainsi, cette Corée qui vit dans l'opulence, cette famille riche comme Crésus et qui corrompt pour asseoir son pouvoir. D'ailleurs, l'oeuvre de Im s'amuse à rendre compte, avec un certain humour, de l'avilissement tout comme des passions fatales. C'est beau, c'est fort, c'est du cinéma distingué et j'en redemande. Filmé dans un scope (2.35 : 1) magnifique, écrit intelligemment et avec une très bonne direction d'acteurs. 4,5/5 (excellent)