Comme il le dit lui même, la vie de Roman Polanski est une tragédie. On peine à croire que tous ces drames aient pu toucher une même personne. D'abord le ghetto de Cracovie, l'assassinat de sa femme Sharon Tate, puis ses déboirs avec la justice pour un viol qu'il aura reconnu avoir commis sur une gamine de 13 ans... Peut-on se réduire à définir le personnage seulement au travers de ces événements, aussi tragiques soient-ils ? L'objectif de Roman Polanski : A Film Memoir est bien sûr de démontrer le contraire. Le documentaire est construit sous la forme d'une interview entrecoupée d'images d'archives et d'extraits des films du réalisateur polonais, et tente, par une approche chronologique, de nous dévoiler la vie complexe de cet homme. En soi, le film ne nous apprend pas grand chose de plus que ce que l'on sait déjà si l'on s'est un tant soit peu renseigné sur lui, et c'est pour cela que son intérêt n'est pas crucial. Bien sûr, sa biographie nous fascine : elle est unique. Toutefois, ses aspects les plus intéressants ne sont, à mon avis, pas assez abordés ici. Roman Polanski est un cinéaste intelligent et d'exception, et j'attends encore le documentaire qui reviendra exclusivement sur sa carrière, axé sur sa vie d'auteur et non sa vie privée... Sans cela, on est tout de même très ému par ses souvenirs lorsqu'il les pleure devant la caméra, et on comprend un peu mieux, grâce à son parcours intime, la naissance et le sens de certains de ses films les plus puissants (Rosemary's Baby, Chinatown, The Pianiste,...).