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pgioan
30 abonnés
133 critiques
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5,0
Publiée le 15 juin 2013
Vraiment formidable ... Comment traiter un sujet aussi vaste par l'aspect simplement humain, intimiste , d'une petite famille . Palpitant, prenant, bref , à voir absolument .
Deux ou trois jolis moments et l'émotion qui surgit des terres dévastées ne suffisent pas à effacer le sentiment que j'ai ressenti la majeure partie de ce film fade aux traits grossiers. Les enfants cherchant leurs disques des Beatles auraient pu faire passer le film du bon côté du miroir (et donc de la fantasmagorie) au lieu de rester dans l'évidence d'une situation atroce. Voulant insister sur la difficulté de se quitter, de faire son deuil ou sur l'impossibilité de faire disparaître les radiations, le réalisateur n'arrive pas non plus à nous quitter, rallongeant de manière poussive ce film jusqu'à 2h13... Dommage
Si le tremblement de terre et le tsunami sont traités de manière elliptique, ce sont davantage les ravages sur la communauté d'une petite bourgade artificiellement scindée en deux que ce film intimiste et universel, doux et violent ausculte sur un mode opératique qui donne naissance à de nombreuses scènes émouvantes et dévastatrices comme autant de tableaux où trois couples errent dans les décombres et les ruines. Il est très intéressant pour nous Occidentaux de voir l'attitude fataliste et résignée des japonais, qui agissent avec une dignité et un courage exemplaires. Le film montre aussi comment la promesse d'une nouvelle vie doit être accomplie, y compris dans l'exil sans espoir de retour et la séparation définitive. Avec infiniment de délicatesse et de mélancolie, le film véhicule un tsunami d'émotions et de sensations, sans recherche d'effets. Le dérèglement des vies bousculées et les phobies qu'il fait naitre n'ont pas besoin de tapage ni de grandiloquence. La beauté paradoxale de paysages sépulcraux et désertés contribue au lyrisme poignant de l'ensemble, porté par le concours de personnages forts et attachants.
Un très beau film, très émouvant qui nous décrit un Japon malade des ravages du nucléaire et du désintérêt, et même des mensonges, du pouvoir public sur la question ... Le film nous offre de quoi cogiter sur le nucléaire et ses risques bien sûr mais pas seulement. Il s'intéresse plus particulièrement à 3 couples : 3 belles histoires d'amour et 3 façons de réagir face à cette atmosphère de fin du monde. Une galerie de beaux portraits, de personnages forts : la femme atteinte d'Alzheimer ; son mari, toujours très amoureux, sage et touchant, son fils et son lent cheminement du déni à la prise de conscience, la femme atteinte d'une paranoïa somme toute justifiée et le jeune couple qui perd sa folle innocence ... Ce film nous offre quelques scènes magnifiques.
(...) A travers les nombreuses images qui laissent apercevoir une cellule familiale japonaise se prenant enfin en main et cessant de n’être que des moutons asservis, Sono Sion érige un drame sans concession, lyrique, à la fois très dur et enclin au sentimentalisme. Une œuvre rare, intensément profonde que l’on ne pensait plus possible. Assurément le film de la semaine.
Tout simplement magnifique d'émotions! Ce film qui montre ce qui peut se passer pour le commun des mortels après un accident nucléaire donne à réflèchir sur les conséquences pas seulement médicales mais surtout sur les liens familiaux. Heureusement l'amour est là. Les japonais d'habitude si pudique sur leur sentiment les expriment devant l'adversité . Joué magnifiquement par tous les comédiens, ne passez pas à côté de ce film sublime.
Vu au Festival du film asiatique de Deauville - Impressionnant de maîtrise, à la fois épuré, intime et ample - Sono Sion est de loin le réalisateur (ET le directeur d'acteurs - Aaaah, la sublime Megumi Kagurazaka) le plus passionnant du moment. Vive le nucléaire !
Sono Sion est unique. Depuis les années 1980, il est l’ « enfant de la balle » du cinéma japonais indépendant. Il est tout (pluridisciplinaire), et peu (connu). Il est un cinéaste de l’outrance – celui du gore et de l’horreur – que sublime des effets spéciaux parfois douteux « made in Japan ». Sono Sion filme le vice, la mort, et le sang qui abonde et qui coule comme la vague rouge déferlante sur le quai du métro de Tokyo dans Suicidal Club (2001). Dans l’optique de sa carrière, The Land of Hope dénote. C’est un film plus « réaliste », plus lent et plus mature (comme certains le diront sans doute). Mais il n’est pas le virage si surprenant qu’il parait. Dans la masterclass dont il était l’invité au dernier Festival de Deauville, le réalisateur japonais expliquait que son thème de la violence était bel et bien présent dans The Land of Hope mais qu’il avait déplacé la violence dans une nouvelle sphère. Elle quitte le rôle d’épiphénomène social pour devenir le cadre prédominant. Ce changement est extérieur au cinéma puisqu’il est engendré par la catastrophe de Fukushima qui ne permet plus l’insertion d’une violence vaine et puérile face à celle naturel et dominante. Sono Sion se lance alors dans ce qu’il nomme la « Trilogie du Chaos » (Himizu en 2011, et maintenant The Land of Hope).
Sono Sion marque alors un passage dans le cinéma japonais meurtri lui aussi par Fukushima et qui se politise. The Land of Hope met en scène une deuxième catastrophe nucléaire (Nagashima) et se fait porte-parole d’un Japon fragilisé et qui ne comprend pas ses erreurs et dont l’inaction entraîne d’autres problèmes nucléaires comme celui fictif du film. C’est alors toute la question de la place des pouvoirs publics qui se posent. Le Japon peut-il encore croire en ceux qui lui ont menti avec Fukushima ? Jusqu’où la peur d’une sanction élective dépasse la sureté civile ? Sono Sion s’interroge sur l’inefficacité politique et administrative face à la caractéristique mouvante des radiations. Il rend concret sa pensée par la mise en place d’une barrière de fortune délimitant la zone irradiée : où placer cette limite ? Y a-t-il une logique ? Certainement pas, comment expliquer que les Ono peuvent vivre légalement là où leurs voisins seraient en danger. « Donc là on est en danger, et là en sécurité » prononce Yasuhiko (Isao Natsuyagi) comme une dernière bouteille envoyée dans la mer de la Raison. L’objectif des pouvoirs publics est de faire croire finalement à la possibilité d’un salut nucléaire et il ne sera atteint que par le maintien de l’ordre. Ce maintien ne peut se conjuguer à la vérité qui entraînerait des paniques mortifères, il faut donc mentir en trafiquant les faits pour qu’ils semblent moins importants. La communication passe alors par les médias de masse dans lesquels des pseudo-émissions prônent un retour à l’accalmi : « vivez sereinement, consommez sereinement, achetez sereinement » clame un présentateur.
Ce discours officiel entraîne alors un rejet sociétal des individus qui eux croient (avec raison) à la menace. C’est le cas du personnage de Yoko (Hikari Kajiwara) qui symbolise le Japon de demain à travers l’enfant qu’elle porte. Elle devient paranoïaque des ondes et se transforme progressivement en une cosmonaute vêtue de jaune à la folie risible et attachante. Elle déambule face aux critiques. C’est dans la peur que Sono Sion se place à nouveau comme un véritable auteur. Il quitte un pure naturalisme souvent plat et de plus en plus répétitif dans la cinématographie pour tendre vers le lyrisme que recherche les Cahiers du cinéma (n°688). Il utilise pleinement le pouvoir signifiant de l’image cinématographique qui permet de dépasser le cadre réel. Yoko sortant de l’hôpital s’arrête ne pouvant passer les portes qui l’amèneront dans l’extérieur empoisonné. Son angoisse traverse l’écran et une fumée rouge envahi l’image montrant ainsi l’invisible. Sono Sion utilise également son talent comique : il caricature les Japonais qui se prennent en photos pour tout et pour rien. Yoko et Yoichi (Juan Murakami) font alors une hilarante séance photo avec un compteur geyser. C’est l’horreur de la situation qui est alors figé. The Land of Hope est d’ailleurs hanté par les bruits de ce compteur qui annonce la souffrance et la douleur.
The Land of Hope a presque un titre ironique tant il est représentatif de la souffrance et du désespoir du peuple japonais. L’œuvre de Sono Sion tant vers l’universel en offrant plusieurs facettes d’une catastrophe (deuil, perte, isolement) mais c’est finalement le déracinement qui ponctue chaque plan du film. Les gens qui restent, comme les grand-parents, n’ont plus rien à perdre et sont dictés par la fatalité. Le film est magistral car il touche par la simplicité des émotions et de sa mise en scène. Pas besoin de surplus là où l’horreur a frappé. C’est le devise du Sono Sion et elle marque son éclatante réussite.
Ce soir à Deauville un hommage a été rendu à Sono SION et nous nous sommes régalés avec son film : "The Land Of Hope". Je conseille le Festival du Cinéma Asiatique de Deauville qui est toujours une occasion de découvrir des pays, des cultures, des humanités différentes mais aussi très proches de nous. Allez voir ce film bouleversant où M. SION décrit si bien ce peuple japonais qui bascule dans le doute envers les autorités et qui traverse ces épreuves terribles avec beaucoup d'espoir.
Un film magnifique duquel se dégage une étonnante sérénité... Sono Sion nous prend de court une nouvelle fois, construisant de fait une Oeuvre formée de pierres de tailles et de couleurs souvent très différentes : entre le mineur et amusant Exte et l'imposant et foisonnant Love Exposure en passant par ce beau et massif rocher de plénitude résigné que représente The Land of Hope le cinéma de Sion n'a pas fini de nous surprendre. La mise en scène déjà : cadres fixes mais vivants de l'intérieur, contemplant cette catastrophe invisible avec un réalisme désarmant de finesse ; beauté imprévisible, fourmillant d'inventivité ; montage simple mais utile, parfois inédit dans ses alternances, souvent humble dans son service narratif ; Mahler diablement bien utilisé, rayonnant dans cette atmosphère mortifère mais bienveillante, rassurée car avisée ; acteurs et actrices impeccables, avec en point d'orgue l'exquise Megumi Kagurazaka. Sinon pas mal d'humour et de lucidité sociale dans ce conte généalogique fort peu moralisateur, dont le final insuffle un soupçon de pathétique optimiste... Très, très beau film.
Bouleversant. Sans doute le mot qui convient le mieux pour le nouveau film de Sono Sion. Cette fois-ci le gore, le trash, la violence, la caméra folle, sont oubliés pour faire place au réalisme pur et dur. Avant on avait la métaphore d'une société perdue et qui n'avait pas ses repères. Ayant admis qu'il ne s'intéressait peu aux sujets d'actualité, c'est pourtant lui le premier à réaliser un film sur l'accident nucléaire qui créa une polémique au Japon. Sujet tabou, aucun producteur japonais ne l'avait accepté. Sujet sérieux, et drame vraiment triste, ce "Pays de L'espoir", est l'oeuvre de maturité du réalisateur. Expliquant par différentes métaphores (le pieux et le feu) une autre réalité que celle représentée par les médias japonais, on retrouve une oeuvre triste et réaliste, interprétée par la même actrice que ses deux précédents films, sans se dénuder cette fois-ci! Acteurs magnifiques, point positif pour la petite vieille, malade, qui est très touchante, et la fin m'a littéralement fait pleurer... Sans oublier la très belle photographie du film, plus posée que d'habitude, avec des plans larges des habitations après le Tsunami, des désastres de la nature. Ensuite, contrairement à ses oeuvre plutôt sombres et pessimistes, Sono met une lumière vive durant tout le long-métrage et délivre un message d'espoir (sans tomber dans le kitsch). Enfin je dirai bravo pour cette oeuvre que j'attendais de voir depuis si longtemps! Jamais sorti en salle en Suisse (merde!), je me suis jeté sur le DVD et j'ai adoré! Je le conseille à ceux qui sont intéressé par le sujet et les critiques de la société.