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Un visiteur
4,5
Publiée le 22 mai 2019
Quel charme ce téléfilm avec un acteur accommodant, je me suis régalé de cette comédie fantaisiste issue du génial nouvelle littéraire qui a vécu l’Occupation, ses convictions brimées, la guerre. Le petit fonctionnaire du ministère de l’Enregistrement amer reflète bien notre cher Dutilleul, découvrant pleinement son super-pouvoir du jour au semaine qui suive sans lendemain, sa routine quotidienne devient magique. Modeste mais orgueilleux monsieur dans sa sollicitude individuelle en tant que conscience professionnelle, tyrannisé par un chef supérieur, il n’aura de cesse d’être encouragé en son for intérieur, grâce à ce don fantastique, lui permettant de ne plus être enfermé dans un bureau toujours aussi impeccable. Cet endroit est à l’image de la prison qui ne l’effraiera guère après avoir commis les méfaits bancaires, musées dont La Joconde déménagé sans son avis, dans le modeste appartement du « Garou Garou, le passe muraille » qui ne s’en priverai pas, un antihéros qui use de son pouvoir pour faire rire et ça fait plaisir. C’est une histoire courte extraordinaire mais éphémère en raison d’une sur-utilisation de la capacité surnaturelle comme le sans-contact dematerialisé et réjouissante raconté par le narrateur metteur en scène. Les effets spéciaux transversaux ressemblent aux jeux vidéos interactives, il s’apprête à franchir l’impénétrable là où tout est possible, même le réputé insubmersible coffre-fort formalité pour commencer à intriguer drôlement le format Police. Très raisonnable pour un film d’une 1 heure diffusé à la télévision, l’amour jalousement gardé à double tour pendant l’excursion noctambule à danser sous des airs douce France, est au rendez-vous qui le mènera où il doit aller, droit au mur fusionnel.
Qui mieux que Michel Serrault et Pierre Tchernia pour rendre palpable l’univers iconoclaste et féérique de Marcel Aymé. En 1977 les deux compères ont déjà œuvré ensemble à deux reprises pour accoucher de deux films hilarants (« Le viager » et « Les Gaspards ») dégageant un parfum rappelant le grand auteur aujourd’hui un peu oublié.Tchernia avec son style si particulier rend parfaitement l’univers compassé de la vie de bureau telle qu’elle était encore dans la première moitié du XXème siècle. L’obscur fonctionnaire qui se découvre un don si particulier décide dans un premier temps de ne pas mettre en œuvre ce qui selon lui pourrait s’assimiler à non respect des régles. Mais face à un chef tâtillon (impayable Pierre Tornade) et des collègues moqueurs, Monsieur Dutilleul décide d’user à son avantage de son exceptionnelle singularité. Commence alors la déclinaison sous toutes ses formes des possibiltés offertes au passe-muraille, du pillage de banques à l’introduction incognito dans le lit des femmes mariées à l’insu de leur époux. Grisé par son fabuleux pouvoir et bientôt gagné par un sentiment grandissant d’invulnérabilité, le petit gratte papier va prendre de plus en plus de risques alors même qu’il constate que ses facultés s’amenuisent. Difficile me direz-vous de renoncer à de tels pouvoirs quand on y a goûté ! La sanction sera brutale et laissera M Dutilleul figé dans un mur pour l’éternité de ses jours. Michel Serrault trouve ici le plus bel écrin pour déployer son jeu tellement en décalage avec la réalité quotidienne. Quant à Pierre Tchernia on se prend à regretter qu’il ne soit pas plus souvent passé derrière la caméra.