Avis sur SEAL Team VI

Seal Team VI est un film problématique. En effet, d’un côté j’ai senti la générosité du réalisateur. Lui qui n’a quasiment rien d’autre (si ce n’est rien d’autre) à son actif, semble avoir fait ce film par intérêt ou par passion pour le sujet. Mais il semble avoir eu dix dollars pour le faire, des acteurs de seconde zone, et visiblement il n’a pris aucun cours, ne serait-ce que pour assurer un montage décent à son film.
Du coup, à la fin c’est un très gros ratage. Surtout sur la forme. Quel désastre ! Le montage est catastrophique (la scène sur la plage, des séquences de deux secondes qui alterne avec des stock-shot d’avion ou des images numériques ridicules qui durent elles-aussi deux secondes), la photographie est d’une laideur effrayante (l’image complètement surexposée qui brule la rétine pour faire croire qu’on est dans une région chaude, la fin dans le cimetière digne, pâle copie du style David Hamilton), les effets visuels sont grossiers (digne d’un The Asylum des mauvais jours), les stock-shot grossièrement utilisés, et les décors tout juste crédibles. Ce film est une catastrophe visuelle (et sonore aussi, vu le bruit des armes), et cela est réellement très gênant pour faire entrer le spectateur.
Mais il n’y a pas que cela. Le film est aussi très mal conduit niveau récit. On a un déroulé très classique, avec toutes les séquences habituelles du genre (l’entrainement notamment), mais tout est raté. Non seulement l’action est ridicule et tout sonne terriblement faux (l’entrainement par exemple on verra dix pompes, et puis un assaut sympa sur une cible en papier, voilà, on à des navy seal !), mais en plus la lourdeur misérabiliste et patriotique est réellement indigeste. Le final est affreux de lourdeur, de pathos, les flash-backs familiaux, l’adieu sur la piste d’embarquement, on a le droit à toutes les grosses séquences bien pesantes du genre, mais ici tout semble démultiplier. J’imagine que c’est lié à la fois à l’engagement du réalisateur, sans doute trop subjectif sur son sujet, et aussi à son manque de finesse, de subtilité.
Pour le casting, et bien ce n’est pas au niveau du tout. Des acteurs peu connus, voire inconnus, et qui n’en font vraiment pas lourd. Le record est sûrement atteint par Ken Gamble. Ce dernier hérite, c’est dommage pour lui, du rôle a priori le plus sensible, le plus sentimental, et sa prestation est invraisemblable. Dans 95 pourcent de ses scènes on dirait un monolithe, grimaçant de temps à autre pour exprimer la tristesse, la douleur… Autour de lui ce n’est pas réellement mieux. Je me demande même comme Zach McGowan, qui a semble-t-il réussi à faire décoller un semblant de carrière après ce film a pu, car rien ne le laissait envisager. Quant à Jeremy Davis qui a enchainé ce métrage après Scarecrow, l’ultime massacre, autre calamité, et bien il est sans doute retourné faire des pizzas.
Non, faut être franc, même si je salue les bonnes intentions du réalisateur, sans doute sensible à son sujet, le résultat est beaucoup trop médiocre pour susciter une quelconque indulgence. C’est calamiteux, c’est ainsi, peut-être fera-t-il mieux la prochaine fois. 0.5