Dans une banlieue barbare de Londres se déroule le chronique quotidien de deux petites frappes potes depuis l’assistance publique, de deux caïds très différents, de deux ados fille et garçon en pleine corruption, de deux prostituées, l’une immigrée clandestine et l‘autre pas, le tout dans une soupe mafieuse de trafics, clients, bistrots plaques tournantes, violences, vendettas et stupidités cruelles des protagonistes ensauvagés de cette société sans beauté ni espoir.
Le premier tiers du film finit par agacer car il ne semble présenter qu’un carnaval gratuit d’horreurs suburbaines, une diarrhée d’injustices méchantes, une gerbe de torture sexuelle, une overdose de prostitution, toxicomanie, trafic de drogue, immoralité crasse de banlieues inhumaines vue cent fois, concert de douleur, d’hémoglobine et de sperme facile. Les rythmes cassés, les flashes-back et les rap-clips intercalés achèvent carrément l’envie d’éteindre cet abominable staccato. Mais patience, et surtout observation, et attention, sont les qualités qui permettront de jouir de la suite.
Car ce puzzle nauséabond entre doucement en danse, et organise un incroyable scenario de destins croisés, aux enjeux et interactions qui se révèlent, se développent et s’entrechoquent bientôt jusqu’à la brûlure et l’intimité. Entre la destinée d’une arme volée, d’un bébé abandonné dans ce cloaque, des comptes qui exigent d’être réglés, d’un affrontement de conscience que beaucoup ne supporteront pas, et d’une relative rétribution pour ceux pourvus de conscience, le film nous laisse scotchés, rassasiés de férocités certes, mais aussi d’empathies et de voyages composés, qui finissent par trouver toute leurs cohérences et leçons de vie, et qui poussent à la fin à tout revoir depuis le début.