Ô Rage, Ô Désespoir … j'ai souvent eu l'occasion de voir des mauvais films, des films lamentables qui me donnent de folles envies de me taillader les veines à coup de molaire, préférant ne pas me taper la fin plutôt que de souffrir davantage. Mais tous ces mauvais films sont d'une éternelle beauté comparé à ce long-métrage tout droit sorti des studios de l'enfer "Abraham Lincoln : Tueur de Zombie". Les couleurs sont annoncées, d'un côté on a Abraham Lincoln, président des Etats-Unis d'Amérique, homme brillant et sympathique, de l'autre nous avons des zombies, peu réputé "bon-vivant". Il y a des films dont nous réalisons le titre qu'à la fin comme "La méthode" ou "Slevin", et certains sont limpides, à tel point que l'on se demande à quel point on est con pour regarder un film qui s'appelle "Abraham Lincoln : Tueur de Zombies" qui va sans doute fidèlement retracer la vie d'Abraham Lincoln, célèbre pour être tueur de zombie et chasseur de vampire lorsque la saison est ouverte.
C'est donc l'histoire d'un mec, prénommé Abraham, qui coupe la tête de sa mère, puis quand il grandit il coupe la tête d'un capitaine, puis il tire dans la tête d'un diplomate, après il rencontre une pute et tue des zombies en leur coupant sa tête avec sa faux tout en tournoyant comme une toupie, éclaboussant la gueule de tous ses camarades avec du sang synthétisés, puis il s'enferme dans un fort, mais dans ce fort il n'y a pas d'épée (c'est une belle connerie d'ailleurs), donc ils vont à la ferme en passant par une forêt éclairée dans le noir pour récupérer du matos (je ne peux plus supporter de voir des lunes qui éclairent les forêts comme des putains de lampadaires en pleine nuit). Frété pour la guerre contre les morts-vivants, Lincoln et ses compagnons font tomber les têtes. Et quoi de mieux que de finir sur un plan où Lincoln fait de la tyrolienne avec en fond un fort qui explose ?!? Et quel retournement final, la pute griffe Lincoln et le contamine (ce qui paraît invraisemblable puisque ça doit être le premier virus qui se transmet par les ongles). Heureusement Lincoln est quelqu'un qui aime prendre son temps alors il se promène tranquille toute la journée pour aller crever dans son théâtre.
Par où commencer ? De quoi parler ? Par quoi débuter ? Telles sont les questions existentielles que l'on peut se poser lorsqu'on souhaite établir une critique sur cette merde. Les jeux d'acteurs sont la preuve que le tournage a été fait dans un état de delirium tremens, y compris le gamin du début (surtout le gamin du début). A ce stade là, on peut considérer que c'est un jeu d'acteur totalement à chier. Il y a même un moment où dans leur triste malheur, les acteurs se fendent la gueule, sentant sans doute que le scénario n'a aucun sens. D'ailleurs ils ont du se rendre compte qu'ils étaient dans une production merdique en découvrant des détails qui ne peuvent pas tromper du genre une tête de mannequin de magasin de vêtement qu'ils n'ont même pas pris la peine de maquiller, des postiches minables qui se cassent à moitié la gueule à chaque changement de plan et tout ces petits détails historique qui nous fait penser que Tarantino est passé par là du genre l'apparition d'une hache d'incendie, un poteau en métal, des murs en bêton, des volets roulants des lampadaires, des tunnels en bêton et j'en passe …
Devant ce capharnaüm de conneries, les scénaristes n'ont pas fini de nous faire rire pendant ces 90 minutes d'extases. Faisons donc d'Abraham Lincoln un ninja qui bondit sur ses adversaires qui sont capables d'arrêter une lame à coup de bras, faisons apparaître des faux de partout et de nulle part, faisons du général un putain de guerrier qui n'a pas peur de se prendre pour Moïse avec sa torche pour passer à travers une centaine de zombie, mettons une scène où un gars court le long d'un chemin de fer pour éviter un train (et qui bien sûr se fait écraser parce que c'est tellement dur de se jeter de 15 centimètres sur le côté), puis foutons un acteur de 10 ans pour jouer Théodore Roosevelt alias "Teddy" qui avait à peine 5 ans en 1863 et nous obtenons un bon film, fidèle, propre, historique. N'oublions pas de rajouter une musique épique comme on les aime pendant 1h30 non-stop et le septième ciel nous devient palpable. Ami raciste, tu noteras sans doute qu'Abraham a pour bras droit un noir, ce qui, en 63, paraît très peu probable, mais laissons donc ceux qui s'y connaissent le moins réécrire l'histoire à travers le cinéma, après tout Tarantino à bien permis au KKK de naître avant la guerre de sécession alors on est pas à ça près.
Quant au dialogue … est-ce bien raisonnable ? (dixit Desproges) Lincoln, réputé pour son humour fin et tordant, n'hésitera pas à brimer ses camarades avec des pics du genre "Votre épée est affutée où c'est pour faire joli ?", sachant pertinemment que les militaires étaient des grandes folles avec plume sur le képi et bas résille sous la tunique. Un connard nous sert même "des cadavres vivants" avec un sérieux qui atteint son paroxysme. Les doublages français sont fidèles à la vétusté du film, ils sont improbables. (Le gamin de 10 ans est doublé par un mec de 40 ans imitant la voix d'un gamin de 10 ans). Mais peu importe, l'intérêt unique de ce film, c'est de voir qu'Abraham Lincoln - qui ressemble plus à Sean Penn qu'à Lincoln - is a modafuck'r killa ! … Jusqu'au moment où il se fait piéger par cette connasse au teint blanchâtre à peine exagérée (plus que dans "Ma vie avec Liberace", c'est tout dire !), c'est ça de se laver la gueule avec Axion (AXION RÉVEILLE LE BLANC ! N'oublions pas de dire qu'il y a quand même peu de suspens vu qu'on sait tous que Lincoln meurt dans un théâtre. En somme c'est une épreuve très difficile à passer "sobrement".
Bon Film :)