Une comédie américaine vraiment pas mal, mais sans plus. Le retour de Nancy Meyers à la comédie, après sept ans d’absence, est l’occasion d’une comédie bienveillante qui oublie l’essentiel, un sujet sociétal fort sur la difficulté de s’inscrire dans la société active moderne quand on a 70 ans et que le monde vous fait vieillir d’une décennie à chaque jour qui passe. Cette comédie raconte l'histoire de Ben Whittaker, un veuf de 70 ans, qui s’aperçoit que la retraite ne correspond pas vraiment à l’idée qu’il s’en faisait. Dès que l’occasion se présente de reprendre du service, il accepte un poste de stagiaire sur un site Internet de mode, créé et dirigé par Jules Ostin... Après "Les Stagiaires", qui précipitait Owen Wilson et Vince Vaughn, deux quadragénaires au chômage, dans le monde high-tech (et édulcoré) de Google pour un stage aux résonances d’un conflit des générations finalement bien peu éloquent, c’est au tour de la réalisatrice Nancy Meyers ("Ce que veulent les femmes", avec Mel Gibson, et pléthore de comédies pour femmes de plus de 40 ans) de s’intéresser de près à la réinsertion des plus âgés de nos (in)actifs dans une société qui court après la cool-attitude. Voici donc De Niro, dans le costume d’un pépé de 70 ans, tout dans la retenue pour une fois, qui retrouve la voie de l’entreprise contemporaine, via un programme de réinsertion des plus de 60 ans, qui propose des stages dans une société active de comédie romantique qui les avaient oubliés. L’idée de confronter son personnage aux nouvelles technologies, qui pourraient le conduire à des vertiges de stress, est surtout l’occasion de faire le catalogue de toutes les petites choses à la mode... De l’ordinateur Apple à Instagram, en passant par Skype, et l’omniprésence du mobile, on retient surtout que ce vétéran de l’entreprise apprend à ouvrir un compte Facebook grâce au tutorat de sa patronne complice jouée par Anne Hathaway. L’actrice retrouve l’univers aseptisé, et passablement requin de l’entreprise, qu’elle incarne, non pas en directrice autoritaire, comme dans le film "Le Diable s’habille en Prada" où Meryl Streep lui en faisait voir de toutes les couleurs, mais en working girl investie qui n’a plus le temps de préserver sa famille et son époux en étant réduite au statut de "house-husband" fade qui finira par la tromper... Plus qu’une comédie de situation qui opposerait les générations, "Le Nouveau Stagiaire" est surtout un hymne à la complicité et à la bienveillance. Le regard paternel assumé, De Niro se glisse progressivement dans les sapes de l’ange gardien et du confident, ramenant la jeune femme à des valeurs familiales plus authentiques, où la gestion du temps et de l’autre devient essentielle. Nancy Meyers sait parler à son public qui y trouvera un certain charme désuet, mais s’aliénera tous les autres qui espéraient éventuellement y trouver une (légère) réflexion sur la difficulté de vieillir dans une société liftée par les nouvelles technologies, où l’évanescence des modes évacuent tous ceux qui sont hors du coup. Le public américain ne lui en a pas tiré rigueur. Comme tous les films guimauve de la cinéaste, "Le Nouveau Stagiaire" a été un beau succès...