« Players » est le troisième long métrage du jeune réalisateur Brad Furman, après « The Take » en 2007, et surtout l’improbable – mais mérité – succès (critique + public) de « La Défense Lincoln » en 2011. Il réunit pour la première fois à l’écran Ben Affleck, Justin Timberlake, la belle Gemma Arterton et Anthony Mackie.
Synopsis Allociné : Richie, étudiant à Princeton, joue au poker en ligne pour payer ses frais de scolarités. Lorsqu’il se retrouve ruiné, persuadé d’avoir été arnaqué, il décide de s’envoler pour le Costa Rica afin de retrouver la trace d’Ivan Block, le créateur du site. Ivan prend Richie sous son aile et l’amène à intégrer son business. Sentant grandir le danger et réalisant les ambitions démesurées de son boss, Richie va tenter de renverser la donne en sa faveur.
Sous ses faux airs de « Wall Street » à la sauce thriller exotique, « Players » n’est en réalité qu’une immonde pantalonnade de la trempe d’un « Hollywood Night ». Pourtant, on aurait voulu y croire : atmosphère tendue et scénario assez original sur le papier, à l’aube des années post-crise économique mondiale, avec étude pointue des risques encourus quand on cherche à se faire de l’argent facile et lorsqu’on se laisse dépasser par ses propres ambitions.
L’idée était que Brad Furman et ses scénaristes, Brian Koppelman & David Levien (des habitués de films de « jeux », puisqu’ils sont les auteurs des scripts des « Joueurs », des « Hommes de main », du « Maître du jeu », et d’« Ocean’s 13 »), prennent également soin de critiquer le modèle américain érigé dans les médias, dompté par la réussite financière. Le « nouveau » American dream, en somme : devenir riche et célèbre en un temps record ! La troupe souhaitait esquisser l’explosion de l’idéal de démesure et d’immédiateté symptomatique de l’ère actuelle. L’occasion de s’intéresser également à la dépendance aux jeux et à l’univers des paris en ligne, sujets rarement abordés au cinéma.
Mais rien n’y fait, « Players » est un ratage sur quasiment tous les plans. L’intrigue est banale, l’œuvre dénuée de relief et de dynamisme, les thématiques sus-citées ne sont que survolées, Ben Affleck campe, sans éclat ni nuance, le patron richissime d’un empire du jeu, Justin Timberlake sort sa frimousse de chien battu et ressemble à Ryan Philippe dans « Antitrust », la charmante Gemma Arterton sert de faire-valoir, femme de toutes les convoitises, et Brad Furman semble lui-même être conscient de tourner une version étirée d’un épisode de TV Show lambda, aux rebondissements archi prévisibles. Le tout filmé dans un décor naturel paradisiaque, faisant questionner les réelles intentions de l’équipe (vacances tout frais payées au Costa Rica ?). Pas très sensuel et somptueux tout ça ! D’autant plus que le reste du récit est cousu de fil blanc, s’attardant bêtement sur des personnages secondaires stéréotypés (le père – forcément joueur – de Justin Timberlake, les acolytes nerds qui préfèrent quitter le navire pendant qu’il est encore temps…).
Fait encore plus étrange : ce nanar est produit par Leonardo DiCaprio via sa boîte Appian Way (productrice du film horrifique « Esther », mais aussi du drame politique « Les Marches du Pouvoir » et de l’adaptation ciné du « Chaperon rouge » par Catherine Hardwicke). Leonardo DiCaprio se serait-il lui aussi fait berner par les promesses du scénario ?
Bilan : Les strass, les paillettes, le faste, l’opulence, le bling le bling, les jeux de manipulation et de sournoiseries … que nenni ! « Players », satire du monde opaque de la finance et du business des jeux en ligne, est une vaste arnaque. A se demander si « La Défense Lincoln », précédent long du réalisateur sur l’univers de la justice, n’était pas qu’un sacré coup de bol. Donnant donnant, buffet perdant !
Anecdote : C’est la première fois que Ben Affleck interprète un vrai méchant de cinéma. Il avait déjà incarné un trader charismatique et sans scrupule dans « Les Initiés », mais n’avait encore jamais été aussi « vilain » au cinéma.