Après l’adaptation correcte de l’un des nombreux polars de Michael Connely, La défense Lincoln, Brad Furman revient à la mise en scène avec un projet qui aurait d’avantage mérité d’ambition. Players ou Runner Runner en version originale, les amateurs de poker s’y retrouveront, est lisse comme une planche à repasser, aussi vite expédié qu’un plat au micro-onde. Seul l’univers particulier dans lequel évoluent les personnages, le jeu en ligne, sauve le film de la banqueroute, un sujet qui parviendrait presque à faire que le film soit un tantinet intéressant. Players nous raconte donc comment un étudiant d’une fac américaine chevronnée se retrouve associé d’un mania de l’industrie du jeu en ligne et quelles en seront les conséquences sachant que le sommet de la pyramide est crapuleux.
Pas de quoi s’exciter le moins du monde. Oui, à la vitesse dont Furman traite son sujet, l’on ressent directement les impacts néfastes du film qui se doit d’être vite expédier, d’un film qui ne doit pas trop retenir longtemps le public avec son intrigue plutôt maigrichonne au risque de soulever une frustration générale. La particularité du film de Brad Furman, s’il l’on peut parler en ces thermes, c’est le rôle qu’y tient Ben Affleck. Oui, voilà une première, l’acteur incarne le méchant, fait historique dans sa carrière que l’on définit le sourire mesquin comme trop lisse, trop gentillette. Le fait est que méchant ou gentil, salopard ou héros, Ben Affleck, s’il n’est pas impliqué pleinement dans le projet, passe sensiblement à coté de son rôle, ici anecdotique. Une petite entrave regrettable alors que son récent couronnement pour Argo avait relancé le bonhomme que l’on espère plus dynamique dans la peau de Bruce Wayne.
Le reste du casting se compose donc de Justin Timberlake et Gemma Arterton. Le permier, inégal, est capable du pire comme du meilleur. S’il n’est pas mauvais dans le cas présent, il ne déborde pas non plus d’entrain. La seconde mérite quant à elle nettement mieux que de faire de la figuration dans ce genre de production américaine. Son jeu d’actrice, comme l’avait démontre sa mésaventure dans la peau d’Alice Credd ou lorsqu’elle travaillait pour Stephen Frears, est nettement plus étoffé qu’il ne semble l’être ici. Si la belle anglaise était castée ici pour incarner l’attrait féminin, le charme, disons que c’est raté alors que l’on n’en aperçoit que quelques plans de son décolleté. Maigre consolation, son visage est toujours aussi enchanteur. Inversement, le casting masculin de Players peut lui aussi adoucir son image de film oubliable au regard du public féminin.
Dans le fond, le film n’est pourtant pas si mauvais. C’est simplement sa mise en scène, l’implication toute relative des acteurs et la rapidité avec laquelle se retourne le script qui plombe l’aile d’une production qui aurait mérité plus d’application. A noter que le Costa Rica constitue l’un des quelques atouts du travail de Furman, certains plans de San José y étant remarquables. Si dans l’ensemble le tout est facilement regardable, ne crachons pas impunément sur le film dans son ensemble, le fait est qu’il s’agit là d’un cinéma en mode mineur, sans réelle ambition. En attendant la suite pour chacun des interprètes, pour le réalisateur, profitons d’une soirée perdue pour découvrir les dessous hypothétiques du poker en ligne. Pourquoi pas? 07/20