Si le film de gangsters est toujours intéressant sur le papier et potentiellement remarquable en vu de ce qui a été fait dans le passé, ça reste tout de même difficile de se lancer dans un genre qui a été génialement approprié par des cinéastes comme Scorsese, Coppola ou encore Hawks.
James Gray s'en était très bien sorti, et il y avait de l'espoir pour Ben Affleck, surtout depuis les réussis The Town et Gone Baby Gone. Il adapte à nouveau Dennis Lehane et se lance dans une vision classique du rêve américain lors de la prohibition, retraçant la montée de Joe Coughlin, jeune fils de flic tiraillée entre plusieurs idéaux et l'amour. Il aborde de nombreuses thématiques connus du genre allant de l'ambition au tiraillement personnel en passant par la prohibition ou encore l'affrontement entre différentes pègres.
Néanmoins, si l'oeuvre est plutôt ambitieuse, il se montre plutôt classique voire académique derrière la caméra, livrant un film guère surprenant et esthétiquement codifié mais plutôt efficace. Si la reconstitution est réussie, nous plongeant avec brio dans cette époque, l'atmosphère ne suit pas, on ne ressent pas grand chose et Affleck a du mal à réellement mettre en avant la psychologie et richesse de son personnage et enjeux, à faire ressortir ses tourments, et finalement, il perd en intérêt et ça sonne même parfois un peu faux... Il a aussi tendance à aborder trop de thèmes sans vraiment les approfondir, notamment autour du Ku Klux Klan.
De plus, les interprétations laissent un peu à désirer, notamment Ben Affleck d'ailleurs (même si les seconds rôles ne sortent guère du lot), qui n'arrive pas à donner une profondeur à son personnage et qui manque cruellement d'un vrai talent et d'une palette de comédiens, ce qui était un minimum requis pour ce rôle. Il donne même parfois l'impression de s'auto-glorifier, notamment vis-à-vis des personnages féminins mais aussi du final, un peu excessif et surtout inutile, il aurait pu arrêter le récit quelques minutes plus tôt.
Véritable fresque autour de la prohibition, Live by Night trouve son salut dans le savoir-faire du réalisateur Ben Affleck, sachant maîtriser son rythme, faire avancer son récit et créer un minimum d'intérêt pour les enjeux (notamment la partie à Boston). Le cadre est d'ailleurs particulièrement alléchant (avec une très belle photographie et une bande-originale agréable), et c'est un plaisir d'y être immergé tandis que l'oeuvre se suit tout de même avec un minimum de plaisir, notamment lorsqu'Affleck s'intéresse à la mafia, dommage que la partie avec le KKK n'est guère été approfondis.
Pour son quatrième long-métrage, Ben Affleck s'intéresse à nouveau à son Massachusetts d'enfance avant de partir plus au sud, multipliant les casquettes (comédien, producteur, metteur en scène et scénariste) pour une oeuvre classique sur la mafia, contenant quelques failles (la profondeur des personnages, les nombreuses thématiques et les acteurs notamment) mais qui se révèle tout de même plutôt agréable à suivre.