Très “Google friendly” dans son propos, cette comédie à l'esprit sympathique réconcilie, autour d'une vision optimiste d'un futur positif, les inadaptés à la société numérique et les geeks inhibés, inadaptés à la société humaine.
Et comme beaucoup de comédies américaines réussies, l'histoire ancre ses effets comiques sur le terreau des préoccupations sociales de son époque (comme dans le film de Dean Parisot BRAQUEURS AMATEURS). Ici, deux quarantenaires, habiles vendeurs de montres de luxe, se retrouvent soudainement débarqués de “l'american way of life” par leur brusque mise au chômage. Condamnés à de petits boulots humiliants, ils vont avoir l'audace (ou l'inconscience ?) de postuler à un poste de stagiaire chez Google, entreprise vue par eux comme une sorte de pays d'OZ, paradis inaccessible de la jeunesse douée, bourrée de talents dont ils sont certains d'être dénués, se considérant comme des dinosaures de l'ère pré-numérique.
C'est sur cette opposition que fonctionne tout le début du film, entre les deux “vieux” quadras aux références eighties et les jeunes geeks, doués en programmation mais pas trop en relations humaines (même pas une caricature, car la description de cette jeunesse à moitié névrosée est au dessous de la réalité : Lyle Spaulding (Josh Brener) et Stewart (Dylan O'Brien) existent vraiment, je les ai rencontré...)
Au fil des numéros toujours plaisant des deux acteurs (l'abatage et la tchatche de Vince Vaughn et le charme gentillet d'Owen Wilson) et d'une compétition d'équipes de programmeurs très très fantaisiste (ne cherchez pas d'aspect documentaire comme dans THE SOCIAL NETWORK, on n'apprendra rien ici du fonctionnement interne de Google, mis à part qu'il y a une super cantine et que sur le campus on roule sur des vélos très colorés), le film évolue peu à peu vers la description assez étrange d'une société du monde digital.
La symétrie avec la boîte de nuit, lieu de plaisir désinhibé, à la fois inverse et double de l'entreprise postmoderne, révélant les personnages à eux-mêmes dans de quasi rites d'initiation (des mystères dionysiaques au cœur de la Californie !) est en cela très saisissante : Google est vue comme une sorte de confrérie initiatique où se réunissent ceux qui possèdent d'autres valeurs que celles du capitalisme agressif
(représenté par le personnage d'Hawtrey)
. Emblématique de cet esprit, l'homme mystérieux avec son casque collé sur les oreilles (incarné par Josh Gad) est ainsi l'un des plus réussi du film.
Plus classiquement, on y trouve même une superbe scène de comédie romantique, lorsque Owen Wilson invite Rose Byrne, délicieuse dans son rôle d'ingénieur dévouée à sa mission d'évangélisatrice numérique (c'est presque une none dans un orphelinat au milieu de petits chinois) à un diner au cours duquel il devra lui prouver ses qualités de goujaterie.
Ainsi, sous les auspices de FLASHDANCE (la chanson d'Irene Cara “What a feeling”), ce film à l'apparence légère, prône, de façon plus sérieuse qu'il n'y paraît, l'importance des liens humains et l'insufflation d'une dose de spiritualité dans les relations professionnelles. En quelque sorte des valeurs pour une société nouvelle.
Et peut être apprendrez vous au bout du compte ce qu'est réellement la “googleness” ?