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AMANO JAKU
323 abonnés
797 critiques
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3,0
Publiée le 2 septembre 2014
Voici un moyen métrage tout ce qu’il y a de plus étrange et qui pousse à la curiosité. Le pitch, assez classique en fait (pour une œuvre japonaise j’entends !), est le suivant : un homme est soudainement pris de violentes crises de convulsions entraînant d’inquiétants changements corporels. Soutenu par sa femme, il reçoit l’aide de spécialistes afin de comprendre pourquoi ses membres subissent de si monstrueuses mutations… Quand on lit cela et qu'on commence à regarder "Henge" (mot qui signifie littéralement « transformation »), on ne doute point de l’envie du réalisateur de rendre hommage aux réalisateurs dont il affectionne le travail (on pensera notamment à David Lynch, Kiyoshi Kurosawa, David Cronenberg et surtout Shinya Tsukamoto), et pourtant, au fur et à mesure que le film avance, on se rend compte que le métrage est totalement ancré dans la culture du pays du soleil levant : même si le début du film joue énormément sur une ambiance anxiogène, on a l’impression d’assister à une romance rendue impossible par un élément d’horreur (on pense alors à "La Bête et la Bête" et "La Mouche"). D’ailleurs, on pourra le vérifier avec le comportement de la femme du héros qui ne cessera d’être à ses côtés et à le protéger quelque soit son état. Malgré cela, plus l’intrigue se développe, plus le véritable propos du film devient de plus en plus évident : le monstre « végétal » que devient Yoshiaki est en fait la représentation de notre planète, qui souffre de ce que les hommes lui font subir tous les jours et qui finit par se venger d’eux…et oui, le propos se veut finalement plus écologique que horrifique (d’ailleurs, les connaisseurs pourront dans une moindre mesure faire le rapprochement avec le dieu de la forêt dans "Princesse Mononoke") dans lequel la gigantesque monstruosité n’est autre que le miroir de l’insouciance des être humains qui leur infligera un châtiment à la hauteur de leurs crimes. On voit bien là que le traumatisme de Fukushima est toujours présent dans les esprits nippons. Cependant, même si l’idée est plutôt bien vue et ambitieuse, il ne pas oublier qu’on a à faire à une première œuvre dotée d’un micro budget avec tous les défauts que cela engendre : réalisation plus que classique, trop sobre pour un téléfilm mais pas assez maîtrisée pour un long métrage digne de ce nom, effets spéciaux low costs avec des prothèses rappelant des costumes de cosplayers (le coté plastoc old school peu avoir son charme mais atteint tout de même ses limites ici) et du sang numérique à foison (c’est pas un peu paradoxal ça ??!!). Je ne vous cache pas que, sous ses airs de film Sushi Typhoon sans en être un, "Henge" m’a laissé un peu sur ma faim : même si j’apprécie fortement son côté « kitch grotesque » (fauché certes mais inventif !), ses FX à l’ancienne, ses références visuelles ("Tetsuo" en premier) ainsi que la bonne volonté de son réalisateur ; je ne peux pas nier qu’il ne possède pas les moyens de ses ambitions. Une semi-réussite certes oubliable mais qui permettra aux fans du genre de passer un bon petit moment. Dans tous les cas, il faudra suivre Hajime Ohata car sa générosité est pleine de promesses…en espérant qu’il pourra un jour les tenir.