Grand Central aura semble t-il aussi bien enchanté la critique que déçu le public. Un fait avéré. D’un naturel confondant dans l’interprétation, dans la mise en scène, ce film, qui se veut un drame, n’évite pas l’écueil de tourner dans le vide. La cinéaste en herbe, Rebecca Zlotowski, tourne aux cotés de quelques pointures de l’interprétation française, Tahar Rahim et Léa Seydoux, mais aussi Dennis Menochet et Olivier Gourmet. Le casting est impeccable, se qui n’est malheureusement pas le cas du récit d’un film qui fait la part belle à la documentation sur l’usage du prolétariat par les distributeurs d’énergie nucléaire. Petit travailleur sans le sous, voilà qu’une bande de jeune découvre les joies de travailler en plein réacteur nucléaire. Qui plus est, l’un d’entre eux tombe amoureux de la femme de l’un de ses collègues, plus expérimenté.
Mouais, soyons franc, rien qui n’emballe la foule, les critiques ayant été sensiblement les seules à trouver en Grand Central les atouts d’un film majeur. Les poils pubiens et les nichons de la belle Léa ou encore quelques scènes de travail façon documentaire dans l’antre de la centrale constituent les rares attraits du film, lisse, construit tel un enchevêtrement de séquences prévisibles, souvent brèves, le film de Rebecca Zlotowski n’est ni démonstratif d’un quelconque amour du cinéma ni même une preuve de talent artistique. Les admirateurs du genre léger que voici y verront un drame humain conséquent, une profonde incursion dans le petit monde des travailleurs intérimaires qui vivent en camping pour gagner, à haut risque, trois francs six sous.
Autre désavantage d’un tel film, soit une fiction brute de décoffrage, aseptisée de toute retouche visuelle et sonore, c’est cette désagréable impression que les acteurs mâchent leurs mots. Beaucoup de la finesse éventuelle des répliques s’envolent ici dans les méandres d’une prise de son vaseuse qui n’est pas digne du travail d’un vrai cinéaste. Voilà qu’habituer à tous les genres d’œuvres cinématographiques, je me retrouve devant un film dont je peine à comprendre les dialogues. Un fait dommageable tant l’interprétation prend de l’ampleur dans un récit si maigre.
Anodin, presque amateur dans le découpage des séquences, voilà un film hautement surestimé qui fait la part belle à un cinéma selon moi minimaliste, élitiste. L’on n’aura connu les acteurs qui s’y produisent nettement plus inspiré ailleurs, pour Tahar Rahim notamment. Oui, l’acteur, après avoir travailler sur Un prophète et Le passé semble en peine de renouveler son jeu de dur à cuire au grand cœur, de petit gars honnête et digne qui sait casser quant il le faut. Déambulant d’une salle de la centrale à sa caravane en passant par la case baise dans les champs, le comédien n’est ici que l’ombre de ce qu’il pourrait être, l’acteur français de demain. Reste à espérer qu’il ne s’enfonce pas dans ce genre de production, minime, mineure et seulement destinée au culte des festivaliers qui sont sans doute tous blasé d’accorder crédit aux avis du public. 05/20