Entre deux escapades hollywoodienne, dans les milieux du film d’action, toutes deux pas très heureuses, Contrebande et 2 Guns, Baltasar Kormakur revient en terre islandaise, sa patrie, pour y mettre en scène le récit d’un marin rescapé du naufrage de son chalutier. Véritable force de la nature, contre toute attente, Gudlaugur dit ‘’Gulli’’, marin-pêcheur des îles Vestmann, sera parvenu à parcourir des kilomètres à la nage, 6 heures durant, en plein océan Atlantique nord, en saison hivernale, puis a marcher dans la neige islandaise pour rejoindre son village. Voici donc le récit d’un véritable miraculé que les scientifique islandais et internationaux ont tentés d’étudier. Sans succès. Résistant à l’hypothermie, à la fatigue, à la douleur, ce bonhomme, en surpoids et sans don physique notable sera parvenu à survire à un naufrage en surpassant les limites que fixe la nature à l’homme.
Au vu de l’exploit du marin, il va de soi qu’une telle histoire se doit d’être racontée, ou mieux encore, d’être mise en image. Malgré toute la bonne volonté de Kormakur, très fidèle au récit du rescapé, le film manque sincèrement de vitamines, surtout lors de ces derniers instants. Si tout commence très bien, immersion dans le cadre, départ du port, séance de pêche puis l’accident, tragique aussi bien qu’inattendu sans compter sur l’errance en mer du bonhomme, la fin, elle, laisse cruellement à désirer. Dès lors, si le cinéaste s’est appliqué, avec des moyens islandais qui ne sont pas ceux de Wolfgang Petersen lorsqu’il filmant la tempête, à faire vivre la catastrophe de la manière la plus limpide possible, s’il s’en est très bien sortit quant aux plans difficiles constituant l’exploit de cet homme, il s’est manger les lacets lorsqu’il aura tenté de développer l’aspect scientifique de cet évènement.
Oui, passer l’heure de film, satisfaisante, si ce n’est carrément excellente, le tout tombe à plat, le public se désintéressant progressivement du bonhomme, soit l’aspect humain, pour suivre le réalisateur dans sa quête de réponse scientifique, alors que justement, le cinéaste s’étant dument planté sur le chemin. Difficile de vouloir apporter une quelconque lumière lorsque l’on se contente simplement de surfer sur la vague, de retranscrire comme un premier élève des images d’archives et une histoire toute définie. En voilà une destinée cruelle pour un film qui avait si bien commencé. En somme une histoire captivante, habilement filmée et plombée par un final très morne et sans ambition autre que celle de documenté. Maigre constat lorsque l’on parle cinéma.
L’on pourra également trouver étonnantes ces quelques séquences ou Kormakur s’amuse à des retours dans le passé, format vieillerie sur bobines. Oui, l’on sent chez le cinéaste une certaine volonté de travailler sur la condition islandaise de vivre quotidiennement aux pieds de nombreux volcans, de vivre chaque année de longs et sombres hivers, mais encore. Là aussi, le réalisateur, ne fait qu’effleuré son sujet, le film n’offrant pour ainsi dire, que peu de paysages remarquables, le tout desservant l’immersion dans la vie de cette petite communauté islandaise. Survivre est pourtant un film intéressant, qui mérite d’être vu, au moins pour méditer sur l’exploit hors du commun de principal personnage. Il est à noté également que l’Islande, sont petit nombre d’habitants et son climat du bout de monde est capable, ce que beaucoup d’autres pays ne sont pas, de divertir par le biais du cinéma. 12/20