Il y a de ces thrillers, celui-ci est politique, qui ne laissent pas de souvenirs impérissables. Pourtant, parmi ces mêmes thrillers, certains se montrent attractif, bien écrit. C’est le cas du film de John Crowley, Closed Circuit. Très ancré dans une certaine catégorie de film aux connotations de sécurité d’état face au terrorisme, Closed Circuit nous propulse dans un environnement urbain londonien, ultra technologique, qui pourtant est la cible d’un terrible attentat. Peu de surprise jusque-là. Mais la suite du programme, soit l’aspect juridique d’un tel évènement, permettra l’amenée d’un retournement, d’une remise à niveau digne des standards des grands romanciers du sous-genre. Tout à fait conforme aux attentes des amateurs de ce type de produit, Closed Circuit manque pourtant d’un sacré souffle d’adrénaline.L’on sent d’emblée le cinéaste irlandais aux commandes très intéressé par son sujet. John Crowley soigne sa mise en scène, à sa manière, et semble prendre un malin plaisir à dénoncer passivement les réseaux de surveillance vidéo dont est pourvue la capitale britannique. Jamais réellement accusateur, ni même juge, le metteur en scène accable les autorités britanniques, timidement mais sûrement, alors que le grand méchant intégriste poseur de bombes endosse toujours le même costume funèbre. Un point intéressant. L’occident face au tiers monde, en somme. Si ce n’est pas l’aspect premier du scénario, on ne peut nier cette facette critique du thriller, qui avant tout, se veut un film politique et judiciaire, dans la lignée des œuvres de notamment John Grisham, soit l’affaire Pélican, le client ou encore des Hommes d’honneur.Pour ce qui est du manque évident de tonus, de punch, le réalisateur ne peut en endosser l’entière responsabilité. Peu enclin aux couts d’éclats, le metteur en scène semble trop timide pour faire de son film un excellent moteur à suspens. Mais celui-ci n’est jamais aidé par son casting, à l’exception de Jim Broadbent, trop discret. En effet, autant Eric Bana que Rebecca Hall semblent surnager dans un bouillon narratif qui ne les concerne que trop peu. Le premier est aussi ténébreux qu’orgueilleux, découvrant très rapidement les enjeux de la petite histoire. La deuxième, d’abord d’une rare frigidité et d’un professionnalisme à toute épreuve endosse bientôt le costume de la justicière face à la planète. L’honneur, le justice égalitaire, les beaux discours sont ici légions et plombent tant l’intensité que la crédibilité du film.C’est donc avec un certain frein que l’on apprécie un simple thriller politique dans le fond pas si mauvais. Manque de rythme, manque d’originalité, acteurs peu convaincants, l’on ne pourra garder à l’esprit qu’un scénario franchement bien réfléchi. La problématique mise sur le tapis par le scrip-t est d’actualité, aussi bien en Angleterre qu’ailleurs. Si les moyens techniques manquent cruellement en vue d’en faire un film spectaculaire, l’attentat étant mis sous cloche par le biais des caméras de surveillance, le réalisateur parvient tout de même à exploiter son sujet sans réelle fausse note de mise en scène. S’il n’est pas mémorable, oh grand jamais, Closed Circuit est au moins un bon passe-temps. 10/20