Par le titre, "Eyjafjallajökull" se démarque de la plupart des comédies françaises qui comportent très souvent un titre à rallonge. Ici le titre est court, et sa consonance imprononçable (sauf pour les islandais) désigne le nom d’une calotte glaciaire située au sud de l’Islande, sous laquelle se trouve un massif volcanique qui a fichu un sacré bazar en 2010 en poussant les compagnies aériennes à tenir leurs avions cloués sur le tarmac par mesure de sécurité, en raison d’un gros volume de cendres volcaniques projeté dans les airs. Qui ne s’en souvient pas ? Le trafic s’en est retrouvé perturbé à l’échelle mondiale, et je fis partie des nombreux passagers ayant subi la situation. Nous avons attendu, espéré, et observé les centaines de gens autour de nous. Le personnel de l’aéroport (je ne citerai pas lequel) était dépassé et jouait la politique de l’autruche. Les rares employés osant affronter les voyageurs faisaient du mieux qu’ils pouvaient, mais les gens étaient arrivés au terme de leur patience. Tant et si bien qu’ils se battaient les uns les autres pour être les premiers à avoir une place quand l’espace aérien a été rouvert, ne serait-ce que partiellement. Tout cela pour dire, et c’est là que je voulais en venir, que les anecdotes ont dû être très nombreuses et qu’il y avait un grand potentiel scénaristique pour tisser une histoire provoquée par un phénomène aussi naturel que rare. Les conséquences de cet événement géologique est idéal pour mettre en place un road movie trépidant. C’est chose faite ici avec Alain (Danny Boon) et Valérie (Valérie Bonneton) qui se rendent en Grèce pour marier leur fille alors qu’ils sont divorcés, se vouant l’un l’autre une haine sans commune mesure. Le rythme et le ton sont donnés dès le début du film, et les répliques injurieuses fusent rapidement. Malgré la présence d’une légère caricature pour obtenir un véhicule en location, le film d’Alexandre Coffre est très bon, jusqu’à l’entrée en scène d’Ezechiel. Alors que nous avions un doux parfum de no limit semblable à l’excellent film de Danny DeVito, "La guerre des Rose", c’est à partir de ce moment que l’histoire tombe dans le too much, et qu’elle devient par moments du grand n’importe quoi. A cela on rajoute quelques petites invraisemblances qui viennent parsemer le film ici et là
(des flics à la poursuite immédiate de nos deux héros et relégués à des centaines de mètres d’un plan sur l’autre)
. Autant dire que ce qui promettait tant devient décevant. Bon il reste tout de même quelques bonnes idées, y compris dans la deuxième moitié du film. Je pense notamment à l’aigle, mais le souci est qu’on le voit venir gros comme une maison. Tout n’est pas à jeter, loin de là, car dans l’ensemble il reste quand même quelques bons gags que je vous laisse le soin de découvrir. A cela on rajoute la prestation des acteurs. Le duo fonctionne très bien à l’écran, et s’est visiblement beaucoup amusé à retomber en enfance tel de vilains garnements qui ne calculent que des coups pourris à faire. Il est clair que le rôle de Simon est taillé sur mesure pour Dany Boon, mais la vraie bonne surprise est qu’il se fait voler la vedette par Françoise Bonneton, avec son faciès souvent plus ou moins hilare, et à l’expression machiavélique, comme pour dire "j’t’emmerde". On sent que ça turbine à donf dans sa boîte crânienne… Dany Boon ne démérite pas, il fait du Dany Boon, tout simplement, mais qu’est-ce qu’il est drôle quand il se croit encore dans l’escalier. En dépit d’une excellente idée de départ, la mise en scène pêche un peu sur les petites incohérences dont j’ai parlé plus haut. "Eyjafjallajökul"l n’est donc pas une comédie inoubliable, mais offre un très bon divertissement sans chichi à travers ce road movie très mouvementé dont seule la robe de mariée survit aux péripéties aventurières (ou presque). A noter, ne quittez pas le film dès l’entame du générique de fin, un petit bonus est offert par l’intermédiaire d’une petite saynète supplémentaire.