Depuis "Bienvenue chez les ch’tis", Dany Boon est devenu la tête d’affiche préférée des producteurs de comédies françaises… en même temps qu’un des acteurs les plus décevants de ces dernières années. Comment l’humoriste (qui était, il y a peu encore, un second rôle apprécié) peut-il, à ce point, refuser de se renouveler et, surtout, comment peut-il planter quasiment tous les films auxquels il a participé depuis son coup de force ch’ti ? Entre "De l’autre côté du lit", "Rien à déclarer" ou encore "Un plan parfait" (pour ne citer qu’eux), Dany Boon se perd systématiquement dans des rôles mal taillés (où il tente de se faire passer pour un séducteur !) et des dialogues poussifs. On pensait, cependant, que cet "Eyjafjallajökull" (titre définitivement imprononçable auquel il convient de préférer "Le Volcan", comme le suggère l’affiche) viendrait mettre un terme à la malédiction… surtout avec la présence de l’excellent Valérie Bonneton à ses côtés. Malheureusement, le film vient confirmer que le cinéma comique français est bel et bien rongé par un mal quasi-incurable : le refus de toute audace sur le plan de l’écriture et de la mise en scène. A quelques exceptions près (voir le récent "Les Gamins"), on a droit, encore et toujours à ces gags bas de plafond (voir cartoonesques), à ses dialogues déjà entendus mille fois et à son intrigue monstrueusement prévisible. Le seul souci des producteurs réside visiblement dans la mise en avant de leurs deux têtes d’affiche, surexploités jusqu’à la moelle (ils sont de tous les plans et ne laissent pas les autres personnages exister, à part, peut-être, le routier évangéliste incarné par Denis Ménochet.. et encore) et omniprésents sur les plateaux TV lors de la promo. C’est oublier un peu vite qu’un film s’apprécie avant tout par ses qualités intrasèques, qui sont ici très minces. Après un entame pleine de promesses (avec la présentation des deux parents et leur haine réciproques à coups de dialogues vachards), on rit parfois d’un gag moins pataud que les autres ou d’un bon mot mais c’est bien insuffisant pour faire oublier le gros problème de ton du film. A trop vouloir accentuer la haine entre les deux parents, le réalisateur Alexandre Coffre a rendu son film agressif sans pour autant penser à désamorcer les tensions… ce qui n’est pas particulièrement propice à la comédie pure. A croire que le réalisateur a voulu faire "La Guerre des Roses" à la française, les rires gras en plus. Résultat : le film n’est que très rarement drôle… mais souvent gênant. La violence des échanges entre les deux ex (qu’elles soient verbales ou physiques) dépasse souvent les limites de l’acceptable, tout comme les crasses qu’ils se réservent (qu’y a-t-il de drôle à faire perdre son boulot à son ex ou à l’abandonner seule la nuit sur le bord de la route dans un pays étranger ?). "Eyjafjallajökull" est, donc, le parfait exemple du mal qui ronge les comédies françaises depuis quelques années, qui sombrent, les unes après les autres, avec leur intrigue bas de gamme, leur mise en scène sans intérêt, leurs dialogues insipides et, plus généralement, leur formatage télé. Et ça n’a pas l’air de vouloir s’arranger…