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Fêtons le cinéma
710 abonnés
3 089 critiques
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3,5
Publiée le 30 mai 2021
Derrière la tranche de vie mettant en scène de grands adolescents confrontés au monde adulte se cache une critique acerbe de la société néerlandaise qui ne réserve à sa jeunesse que des rêves atrophiés par la précarité économique et intellectuelle. La carence culturelle conduit les personnages à se passionner pour des activités triviales et artificielles qu’ils considèrent comme essentielles, sur lesquelles ils projettent leurs frustrations et leurs fantasmes : la moto-cross devient le nec plus ultra de la réussite, la vendeuse de frites mute en muse qu’il faut séduire et mettre dans son lit pour prouver aux autres et se prouver à soi que l’on vaut quelque chose. De cette inversion des valeurs, Paul Verhoeven tire un long métrage porté par une énergie double, à la fois vigoureuse et mélancolique, en constant mouvement et pourtant rattrapé par une fatalité qui colle à la peau telle l’odeur des fritures. « La vie est une croquette », affirme Fientje haut et fort : voilà une sentence peu poétique mais adaptée à la situation. Spetters s’approprie ainsi les codes de la tragédie, qu’il dégrade et farde volontairement sous les traits d’une production aguicheuse et provocante ; il parvient à convertir la médiocrité de ses protagonistes en une beauté véritable, quelque peu redondante, mais qui sait toucher par sa justesse et son désespoir à fleur de peau.
D'après moi le meilleur Verhoeven avant son départ vers les US, Spetters est encore une fois un film très provocateur du cinéma hollandais qui lui vaudra d'ailleurs un accueil peu positif lors de sa sortie aux Pays-Bas. Quand on aime le ton de ce cinéaste, on ne peut qu'apprécier. Des personnages nuancés très réussis dont on suit les parcours de jeunesses, entre barrières sociales, quêtes sexuelles et sentimentales et surtout espoirs de gloire déchus. Comme il brasse un peu plus de thématique que Turkish Délices, je lui met une note légèrement supérieure.
4 794 abonnés
18 103 critiques
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2,0
Publiée le 13 février 2021
Le problème est que ce film ne peut pas décider de ce qu'il veut être. Il y a trop de sujets sérieux pour que ce soit une comédie mais les personnages sont beaucoup trop unidimensionnels et les situations et les développements sont beaucoup trop absurdes pour que ce soit un drame. Certaines scènes sont très sérieuses, d'autres sont censées être drôles et tout cela se déroule de manière très maladroite. Je sais qu'il est possible de mélanger le drame et la comédie de manière efficace mais ce n'est certainement pas le cas dans Spetters. Et puis bien sûr il y a beaucoup de sexe et de nudité. Les gens qui ne viennent pas des Pays-Bas pourraient être choqués de voir jusqu'où ce film va mais là encore j'ai vu pire dans les films néerlandais. Il suffit de dire que la nudité ajoute très peu et n'est pas du tout érotique ou alléchante elle est juste là. Le jeu des acteurs est correct il y a beaucoup d'acteurs célèbres dans ce film du moins selon les normes néerlandaises. Paul Verhoeven est très doué pour les films d'action (Starship Troopers, Total Recall) ou les thrillers sombres (Basic Instinct) mais il devrait probablement se tenir à l'écart du drame, de la comédie ou de toute combinaison de ces deux genres...
Dans la lignée, sans compromis, implacable, de "Passe ton bac d'abord" (1978) de Maurice Pialat, mais à l'âpre réalisme encore plus cru, ici aux Pays-Bas chez de jeunes passionnés de moto-cross. Leur vie changera à la suite de la rencontre d'une peu farouche patronne d'un snack, opportuniste et fan de John Travolta.
Le début est particulièrement réussi, avec de l'humour assez brillant, mais "Spetters" perd peu à peu le rythme, en insistant trop sur le thème de l'homosexualité.
Petit rôle pour Rutger Hauer, fringant, lui qui vingt ans plus tard accumulera les rôles, bouffi, dans d'innombrables DTV d'action américains.
Tourné à Rotterdam et ses environs, dont le village typique de Maassluis.
Verhoeven prend plaisir à malmener une jeunesse hollandaise, sexe, trahison, manipulation, coup du sort, homophobie, éducation, motocross...tout y passe avec cette violence propre à sa filmographie. En un mot, poignant.