Tonton Emmerich fait sauter la maison blanche, le capitole, tout en faisant de Washington DC une véritable zone de guerre. Les méchants terroristes prennent le contrôle de l’administration et de l’armée américaine. Heureusement, le président en place est fort et courageux et le voici accompagné face à la menace d’un grand héros improbable qui dézingue tout sur son passage. Le constat est simple, voici le cinéma dans sa version la plus grabataire, le plus minimaliste, malgré le coût exorbitant d’un tel pamphlet. Cela dit, Roland Emmerich assume à 100% son ouvrage, comme il avait assumé les incommensurables gratins bourratifs qu’étaient notamment Independance Day et 2012. Bon sang, en voilà un réalisateur qui ne se remettra jamais en question.
Non content de livrer un film d’action dans sa forme la plus éculée, Emmerich ne cessera jamais, deux heures et dix minutes durant, de copier allègrement les structures narratives et visuelles de Piège de cristal, le premier Die Hard et chef d’œuvre de John McTiernan. Qu’il s’agisse ou non de plagiat, peu importe. L’on connaît la recette aussi bien que celle de l’omelette nature et c’est bien là le problème. Plus aucune surprise, plus aucun attrait si ce n’est de rester jusqu’au bout pour vérifier qu’Emmerich n’aurait pas par hasard un petit éclair d’indépendance dans sa manœuvre de ressasse. Après un passage insignifiant et polémiquant sur l’œuvre de Shakespeare, le mauvais Anonymous, revoilà Roland là ou on pouvait l’attendre, aux commandes d’un film d’action aussi improbable qu’indigeste.
Malgré tout, soyons certain que tout est ici assumé. De l’humour de fond de terrier à des effets visuels qui s'efforcent de démontrer l’incapacité d’Emmerich à s’appliquer sur les finitions, tout démontre que le cinéma peut être aussi mauvais tout en attirant le public, tout en continuant de faire le buzz. Si Bruce Willis était dans les années 80 un héros charismatiques, à l’image de quelques autres, Channing Tatum ou Jamie Foxx ont ici l’air franchement ridicules en grand héros de la nation. Le patriotisme souhaitant du film n’est pas pour aider le public hors USA, qui retrouve là l’un des fondements du cinéma US, son chauvinisme ici fort mal placé.
Les amateurs du genre, trop peu regardants y trouveront sans doute leurs comptes. Pour les autres, autant espérer que le temps se mettent à passer vite tant cette nouveau pétard mouillé signé Emmerich est long, beaucoup trop long. Seule bonne surprise, la présence au casting de James Woods, un acteur que l’on avait maintenant tendance à oublier et que l’on redécouvre, certes pas de manière optimale. A souligner qu’en terme de gâchis, le présence de Jason Clarke est presque aussi déplorable pour sa carrière que le billet de cinéma pour le porte-monnaie du cinéphile. A quand la retraite Roland? Honnêtement, après l’énorme et onéreux ratage de 2012, l’on aurait peu penser qu’Emmerich s’appliquerait à faire autre chose que cette revisite de film d’action des années 80. A oublier. 03/20