Hier je suis allé voir Madame Bovary, de Sophie Barthes, avec Mia Wasikowska dans le rôle éponyme.
Je ne découvre que maintenant que la réalisatrice est française et j'en demeure assez stupéfait. En effet, le film m'a paru plutôt pas bon, car il m'a semblé passer complètement à coté du personnage de Bovary. J'avais mis ça sur le compte de la vision américaine du romantisme à la française, mais ce n'est plus possible de penser ainsi si la réalisatrice est française.
Quand bien même, cette version de Bovary n'a de romantique que ses prétendants, personnages plutôt ratés dans l'ensemble, mais assez bien interprétés. Car les acteurs sont bons, particulièrement Rhys Ifans, mais c'est lécriture qui ne leur permet pas d'être complètement intéressants.
Mais le pire, c'est Bovary elle-même, qui est représenté surtout comme une femme cupide et inconsciente plutôt que romantique et inconsistante. L'introduction du personnage est faite en 3 plans pauvres en sens, puis ensuite on la suit, sans humeurs ni émotions dans une déchéance que l'on ne voit pas durant 90% du film. Puis d'un coup, comme il faut finir,
elle devient folle, se met à pleurer, veut de l'argent et se suicide.
Voilà.
Le film justifie le coté volage de l'héroïne en l'affublant d'un mari mou du genou. C'est un choix qui n'apporte pas grand chose : si madame Bovary va voir ailleurs malgré un bon mari, ça me semble plus intéressant, mais bon, qui a dit que Flaubert devait être suivi à la lettre ? Et le centre du film repose sur M. Lheureux, un commerçant manipulateur et machiavélique qui fait contracter de nombreuses dettes à Bovary, et c'est principalement ces dettes qui la pousseront à sa fin dans le film. Si vous n'aviez pas lu le livre, il faut savoir que les dettes sont bien présentes dans le livre, mais sont trèèèèèèès secondaires, en fait elles ajoutent une certaine "honte" au personnage de Bovary qui se rend compte de l'ampleur du mal qu'elle a fait à son mari. Chez Sophie Barthes, ça se résume à une courte scène chez un ancien amant marquis "donne moi 10000 francs" "non je les ai pas" "comment peux tu me faire ça ?"
puis elle se suicide
. Bon.
Si c'est une réinvention du mythe Bovary pourquoi pas, mais dans ce cas ce n'est pas très réussi ou assumé (peut etre aurait il fallu changer l'époque, le point de vue, je ne sais).
Reste que les décors et les costumes sont somptueux, c'est ce qui m'a tenu éveillé, qu'il y a Olivier Gourmet qui fait une apparition, et ce type est génial, et, je le répète, Rhys Ifans en requin homosexuel vendeur de breloques est fantastique.
Dernière remarque : la BO a été entendu 20 milliards de fois, dès qu'on veut une ambiance un peu intello-contemplative, on fout du piano nu pendant 2h. C'est une création originale qui me semblait pas originale du tout.