14 notes et pas une critique pour Would you rather ?! Surprenant. Je vais donc avoir l’honneur de commencer. C’est là un film agréable, même si clairement il n’est pas le premier dans son genre, et ne bénéficie pas du scénario du siècle.
Je commence par les acteurs. Le casting est évidemment emmené par Jeffrey Combs. Il n’est plus aussi impressionnant qu’à ses débuts, ayant un peu perdu de son visage si singulier avec l’âge, qui lui donnait nécessairement l’air inquiétant (même dans les rôles de gentils !). Il reste néanmoins délicieusement machiavélique, prenant un plaisir évident (enfin j’espère que c’est pour les besoins de la cause !), à torturer moralement (car il ne se salit jamais les mains !) ses victimes d’un soir. Il maitrise son affaire, et nous livre une prestation à la hauteur de son talent. Autour de lui, peu de noms très connus, mais de belles interprétations néanmoins, malgré des personnages avec assez peu de relief. Brittany Snow est convaincante, et il y a de bonnes choses venant surtout de Charlie Hofheimer, et Jonny Coyne. Dans l’ensemble c’est solide. A noter que Sasha Grey est en train de réussir sa conversion d’actrice X en actrice classique.
Le scénario est simple. Il rappelle la tendance actuelle de l’horreur dans l’exploitation des choix cornéliens. Jouant la carte du psychologique surtout, doté d’un suspens solide, il fait preuve d’une certaine finesse et d’une froideur totale qui lui donne une belle intensité (le début du jeu est en plus remarquablement conduis pour faire monter la tension !). Il y a néanmoins des lacunes. Quelques lieux communs (la tentative de fuite, le type au début qui n’a pas compris qu’il ne faut jamais dire non au méchant dans les films !), et quelques invraisemblances (peut-on mourir de 9 coups de fouets ou d’une main coupée ?). Ca paraitra sans doute longuet aux amateurs d’horreur pure et dure, car le film présente beaucoup de dialogues, mais ceux ci sont intéressants, et Would you rather n’est pas ennuyeux.
Sur la forme le film est efficace. Levy livre une mise en scène trop raide, c’est certain. Il peine par exemple à zoomer vraiment sur les visages des personnages, pour saisir avec précision les émotions. Ca reste correct, mais c’est dommage de s’être restreint au minimum. La photographie en revanche est belle. On sent un vrai soin apporté à cette-dernière, de même qu’aux décors. Évidemment le film étant un huis clos pour l’essentiel, ils sont limités, mais la maison de Lambrick est convaincante. Il n’y a pas deux meubles, une lampe, le tout acheté chez une grande marque suédoise ! Par ailleurs Would you rather n’est pas doté de vrais effets horrifiques. Il y a de la violence certes, mais elle est toujours contenue par le travail de mise en scène. Il y a peu de sang, et en fait le film joue surtout la carte de la suggestion, avec d’ailleurs beaucoup de talent. C’est à mon sens un des métrages que j’ai pu voir qui joue cette carte, toujours très délicate, avec une vraie maitrise. Bravo à Levy pour cela. Enfin un travail musical pas désagréable mais qui manque de présence.
En somme, Would you rather est un film que je conseille vivement, notamment à ceux qui aimerait bien un Saw avec un peu plus de subtilité (et moins de gore). Beaucoup plus réaliste et ludique que le susnommé, il tient vraiment la route. S’appuyant de surcroît sur un casting solide, et bénéficiant d’un travail plastique soigné, il a quelques défauts, tenant dans certains détails discutables, une ou deux longueurs et à des éléments perfectibles comme la mise en scène. Froid et sans concession, dont témoigne la fin, génialement trouvée, c’est dans le genre une réussite qui en plus s’en tire sans effets gores. Chapeau !