"50 Nuances de Grey", ou devrais-je plutôt le renommer "50 Nuances d’arnaque" (et non pas 50 nuances de folie comme le dirait Christian Grey). Alors pour ceux qui me poseront la question, chers amis : oui, j’ai été voir cette chose en salle le jour de sa sortie après avoir été voir le dernier classique d’animation en date qui, pour le coup, aurait mérité bien plus de spectateurs en salle que ça.
Certains vont me demander pourquoi, moi, qui n’ait ni amoureuse à amener en salle et suis passionné de film d’animation et de Kubrick, je suis allé voir cette adaptation d’un livre érotique dont la qualité a été énormément remise en cause par plusieurs analystes ? Ne le prenez pas mal, mais quand j’ai entendu parler du sujet je m’attendais à une bonne surprise et à quelque chose de différent de d’habitude, oui riez mais sachez qu’avant ces dernières semaines je n’étais pas encore au courant du mépris que faisait l’objet cette escroquerie que les producteurs se sont amusés à adapter en romance fleur bleue pour faire venir les romantiques et un public cible que je préfère ne pas décrire pour éviter trop de coup de gueule car cette critique pourrait être la cause de plusieurs douleurs et disputes puérils avec les fans de ce film qui s’amuse à nous prendre pour des abrutis.
Mettons les choses au clair, je jugerais le film tel qu’il est et non pas par rapport au livre que je n’ai pas lu et que je ne lirais surement pas après tout ce qu’on en a dit. Et pour donner une impression global, on n’est pas loin d'un nouveau Twilight surtout que film est de très mauvais goût et n’a visiblement rien compris à ce qu’il devait raconter au départ et qu’il rate même ce qu’il veut finalement raconter alors qu’il y avait pourtant un gros potentiel derrière, mais au final ça devient plus insultant qu’autre chose.
Le premier problème du film d’abord c’est sa réalisation et sa mise en scène. Bon attention, elle n’est pas mauvaise ou digne d’un gros ratage ou quoique ce soit du genre, Sam Taylor-Johnson sait tenir une caméra et quelques techniques de mise en scène sont bien effectuées
comme le travelling autour d’Anastasia dans l’appartement de Christian pour donner une sensation d’envahissement ou le plan fixe nocturne ou l’on montre Anastasia rejoindre Christian au piano avant que ce dernier ne lui fasse l’amour et l’emporte dans sa chambre.
Sauf que parfois, la mise en scène passe pour être ridicule quand ça cherche à donner une impression d'érotisme
comme lorsque Anastasia suce le crayon de Grey et que la caméra fait un gros plan sur ce dernier pour susciter le désir de la jeune vierge envers cet homme... absence total de subtilité !
Et c'est là le principal problème, la mise en scène se veut romantique et n’a absolument rien de dérangeante ou d’érotique, et le film se veut comme une adaptation d’œuvre érotique et il est vendu comme tel mais c’est beaucoup trop propre et lisse pour que ce que ça raconte, et quand ça se force à donner une ambiance romantique c'est parfois tellement exagéré et ridicule que ça en devient pataud.
Personnellement je rejette plus la faute sur le dos des producteurs que sur la réalisatrice, faire appel à un réalisateur pour un film de commande comme une adaptation populaire c’est commode à Hollywood mais pas pour une histoire de romance ou le sadomasochisme est monnaie courante, c’est conventionnelle et approprié pour une histoire d’amour, mais pas là, c’est juste débile, enfin bref je développerais ça dans la partie histoire.
Concernant la musique de Danny Elfman, ça va, c’est plutôt correct venant du compositeur mais rien de mémorable pour le coup. Ça se contente de bien accompagner le film et la « romance » qui y figure, mais techniquement j’en attend bien plus de sa part pour "Big Eyes" de Burton d’ici quelques mois parce que là on sent qu’il n’y va pas à fond. Je ne m'attarderais pas sur les musiques pop et populaire qui sont là pour attirer le public cible, parce que ça étrangement, ça me rappel une autre technique marketing que je préfère ne pas dénoncer, certains sauront surement à quel saga je fais référence.
Mais parlons des acteurs maintenant et c’est là que ça va faire mal, mais vraiment très mal, surtout au niveau des deux têtes à claque qui constituent les deux crétins amoureux et sadomasochiste que l’on va suivre durant deux heures pétante, à savoir Anastasia et Christian : Dakota Johnson n’est pas catastrophique à la manière d’une Kristen Stewart mais son personnage l’oblige à avoir une interprétation insupportable, entre se mordiller la lèvre toutes les cinq minutes pour exprimer son désir sexuel, lâcher un gémissement à chaque occasion lors des ébats plus ou moins sensuels et faire semblant de succomber aux paroles de son Roméo on s’en lasse très vite et ça en fait vite une belle imbécile.
Ça en devient même incroyablement énervant
quand le film veut rendre sa « séparation » avec Christian dramatique et romantique, que ce soit lorsqu’elle part en Georgie ou à la fin du film qui m’a juste abattu de stupidité quand on refait la scène de l’ascenseur ou Christian et Anastasia s’appellent par leur prénom pour exprimer leur désir et « amour ».
Mais le plus agaçant avec elle, c’est que ce personnage est atrocement vide, et quand je dis vide là pour le coup je dis aussi vide qu’un des principaux personnages de la saga Twilight, on n’apprend presque rien d’elle sur sa vie à part qu’elle est étudiante en littéraire et pucelle, et aussi qu’apparemment elle est naïve est bête
au point d’accorder sa confiance au premier homme d’affaire sexy et beau gosse qu’elle rencontre juste parce que ce dernier l’a interviewé alors que ça devait être l’inverse (scène très ridicule au passage).
Donc, avec une actrice qui est sabotée par un personnage plat et raté, est-ce que Jamie Dornan va rattraper le coup ?
Hélas non, pas parce que l’acteur manque de charisme mais son personnage lui en a autant qu’un beauf de Patrick Sébastien. Alors honnêtement je suis prêt à croire qu’il fait de son mieux, et son personnage a quand même bien plus d’écriture que celui d’Anastasia puisqu’on nous donne un large background et pas mal d’exposition sur le personnage,
on apprend qu’il a été adopté à 4 ans, qu’il a subi sa première expérience de sadomaso à partir de 15 ans à cause d’une certaine Madame Robinson, comment il gère sa société, pas mal de truc qui pourrait être sympa.
Seulement… ça aurait été bien aussi de ne pas le forcer à jouer qu’UNE SEULE expression pendant l’intégralité du film afin de faire vibrer les minettes en plus de les faire rire avec des répliques niaises et ridicule, je ne compte même plus le nombre de fois ou il appelle sa copine "bébé" juste pour faire rire la gente féminine dans la salle (si si, croyez moi les amis, elles ont rit à la plupart de ses remarques idiotes). En soi l’acteur ne manque pas de charisme mais son personnage est vraiment détestable pour ce qu’il montre en une deux heures, le film se force à en faire un personnage dramatique avec son passé mais c’est tellement mal fait qu’on s’en fiche. Et puis, je parlerais même pas de son hypocrisie
sur le fait qu'il prétend ne pas être romantique... mon gars, tu passes ton temps à te la jouer dramatique et à faire plaisir à ta copine, arrête d'être un bel abruti tu veux ?
Au final, on en fait la symbolique de l’homme qui domine la femme soumise en la personne d’Anastasia qui a tellement peu de matière qu’elle passe pour une gourdasse faisant des décisions incroyablement stupide.
Et la romance ainsi que l’alchimie entre les deux personnages et acteurs n’est jamais présent, on n'a aucun moment intimisme ou d'évolution entre les deux protagonistes qui pourraient nous faire croire qu'il y ait quelque chose entre eux, pas même de point commun pour les faire rapprocher correctement. Surtout qu’on s’intéresse à l’histoire d’un personnage sans jamais vraiment s’y intéresser dans le fond tout en délaissant l’autre qui devient une étudiante lambda à laquelle toute étudiante doit s’identifier. Et là je suis désolé mais si être étudiante pour vous signifie être une cruche qui s’adonne aussi facilement à du sadomasochisme et se livre corps et âme si facilement au premier milliardaire sans qu’elle n’ait de point commun avec lui, je dis stop ! Mais alors vraiment stop, parce que non seulement cette image est mauvaise mais en plus ça fait aussi passer Anastasia pour un très mauvais modèle et encore il y a pire, on en reparle tout de suite.
Car cela me permet de faire une transition toute trouvé pour parler de la grosse arnaque de ce film : son scénario. Vous vous souvenez bien sur de toute la promotion qui a été faite autour de ce film, autour du livre et de son sujet sulfureux qui se voulait érotique et torride et qui promettait une ambiance chaude et de parler de sadomasochisme, vous avez certainement vu les clips musicaux qui ont même été sorti pour promulguer ce film qui avait tout pour surprendre par un propos choquant et provocateur ? Et ben que dalle, vous pouvez faire une croix dessus car voici ce qui se passe en gros et en résumé :
Anastasia rencontre Christian à son industrie pendant une interview et c’est le coup de foudre, le milliardaire le met en garde contre lui-même mais comme elle est bête, elle ne suit pas le conseil et s’adonne une relation d’amour et elle réfléchit pendant tout le film si elle veut s’adonner au culte du sadomasochisme, mais à la fin après une énième expérience en se faisant fouetter le derche 6 fois par son amant dans la chambre rouge, elle met fin à la relation et ça se termine sur Anastasia dans l’ascenseur et Christian de l’autre côté chacun prononçant le prénom de l’autre avec un faux ton romantique.
Et au total, vous n’aurez même pas 15 minutes de scènes de sexes tout court, le thème du sadomasochisme est totalement tertiaire et réduit à une histoire d’amour insipide et pas crédible pour un sous. Car même les scènes de SM sont filmés et mise en scène de manière trop soft et propre pour que ça soit vu comme tel, et le reste du film est principalement composé de remplissage inutile, on n’arrête pas de regarder sa montre tout les dix minutes tellement c’est long avec cette romance transparente et mal construit.
Surtout que, ce film tente même de paraître profond
avec les lamentations continue de Christian et son expérience traumatisante à l’âge de 15 ans et le plaisir charnel d’Anastasia au contact de la douleur.
Mais les personnages sont trop peu appréciables pour qu’on soit touché, et en plus ils en deviennent même vides. Et au final, le message que fait passer ce film est juste insultant envers les femmes : on nous montre qu’elles aiment être des instruments de plaisir pour les hommes et être soumises à la douleur et eux à travers le personnage d’Anastasia, et qu’il doit en rester ainsi car c’est dans l’ordre des choses… vous vous foutez de nous là ???!!! Vous croyez vraiment qu’on doit avaler une connerie pareille, sérieusement ? Non, juste non, l’amour homme/femme (ou même l'amour tout court parce que ce n'est pas que hétéro la romance) ça ne marche pas comme ça. On ne fait pas un film si c’est pour faire passer un message aussi immoral.
Je vais pas en dire plus parce qu’une bouse pareil ne le mérite tout simplement pas : "50 Nuances de Grey" est un très très mauvais film à tel point que c’est navrant de voir une telle bouse avoir un succès pareil à sa sortie. J’en viens même à me demander si le livre est tout aussi insultant que le film. Acteurs pas catastrophique mais personnage tellement mal écrit que leur performance n’est pas potable, romance bâclée et ridicule, histoire plat et une énorme escroquerie en cette année 2015. Voilà ce qu’il faut retenir de ce film, et je ne vous conseil pas de le voir, allez plutôt voir le dernier Disney, attendez le prochain film de Clint Eastwood, "Kingsman Services" de Matthew Vaughn ou "Birdman" mais laissez tomber cette future saga de film à succès sans mérite.