Acteur extrêmement sportif, Clovis Cornillac n'a pas lésiné sur les moyens afin de promouvoir son nouveau long métrage, « La Grande boucle », dont il est tête d'affiche. L'acteur français a, en effet, parcouru, lors de son entraînement préparatoire au film, les différentes étapes du Tour de France auquel « La Grande boucle » rend hommage (6000 km en 4 mois), sans omettre de laisser quelques souvenirs photographiques à son public via son compte Twitter personnel.
Réalisé par Laurent Tuel, auteur du joli succès « Jean-Philippe » il y a quelques années, « La Grande boucle » sort sur les écrans français le mercredi 12 juin, soit 17 jours pile poil avant le lancement officiel de la 100è édition du Tour de France.
Synopsis Allociné : François est un passionné du Tour de France. Licencié par son patron et quitté par sa femme, il part faire la Grande Boucle avec un jour d'avance sur les pros. D'abord seul, il est vite rejoint par d'autres, inspirés par son défi. Les obstacles sont nombreux mais la rumeur de son exploit se répand. Les médias s'enflamment, les passants l'acclament, le Maillot Jaune du Tour enrage. François doit être stoppé !
On connaît depuis longtemps l'amour que porte le cinéma américain envers les épopées sportives. Les destins de grands champions sont en effet du bon grain à moudre pour l'industrie hollywoodienne, avide de valeurs humaines en tout genre, comme le courage, l'exemplarité, l'humilité ou encore la rédemption.
Véritables locomotives de choix pour faire fleurir bons et loyaux sentiments, ces aventures hors normes sont également fréquemment l'occasion de rebondissements incroyables, dictés par les étapes phares d'un sportif : victoires, défaites, revanche, face-à-face, vie familiale, et souvent à l'origine d'un beau triomphe populaire.
Si ces long-métrages peuvent être aisément rattachables à un genre de l'autre côté de l'Atlantique – le « sports drama » – avec un rythme de parution à l'année démesuré où rien que le sous-genre du « baseball movie » offre pas moins de trois dramédies en trois ans : « Le Stratège », « Une nouvelle chance », « 42 », les choses paraissent nettement moins marquées dans l'hexagone avec quelques titres seulement, « Jappeloup » récemment par exemple.
C'est dans ce contexte que sort le film « La Grande boucle », destinée glorieuse et romancée de François Nouel (Clovis Cornillac), un modeste employé largué et viré du jour au lendemain respectivement par sa femme et sa boîte. François décide alors de réaliser son rêve de gosse : faire le Tour de France comme les pros. Rapidement rejoint par d'autres, inspirés par son défi, l'homme surmontera les obstacles les plus hard grâce notamment à l'Amour pour sa femme et son fils.
Si le concept de la « rumeur de l'exploit qui se répand dans les médias » est plutôt pas mal (« Forrest Gump » et « Un monde meilleur » sûrement sources d'inspiration pour Romain Protat &Yohan Levy, scénaristes du film), il est hélas terriblement mal exploité et demeure très brouillon.
Un concentré de prévisibilité dans ce « Forrest Gump » du pauvre pourrait-on dire, qui réussit malheureusement l'unique exploit d'être à la fois mal interprété et mal écrit.
Fondé autour de repères et de clichés un peu douteux – les sponsors, le dopage, le peloton amateur formé autour du héros, le passage de la Patrouille de France, les caméos d'authentiques stars du vélo – « La Grande boucle » n'a jamais l'élan du grand film sportif attendu et lorgne plus du côté de la comédie populos franchouillarde insignifiante. Clovis Cornillac se démène comme il peut, y met franchement du sien (il a les guibolles d'un cycliste de compétition), se montre parfois touchant en père incompris, mais il est entouré de comédiens affligeants, du concurrent italien arrogant Ary Abittan à Elodie Bouchez, mauvaise en épouse geignarde, en passant par Bruno Lochet en supporter friendly. Même l'irréprochable Bouli Lanners ne semble pas tellement y croire, dommage !
De son côté, Laurent Tuel, qui avoue être influencé par le « Raging Bull » de Scorcese, filme quand même assez efficacement les courses du Tour et le parcours semé d'embûches de François Nouel avec une caméra virevoltante au plus proche de Cornillac, ainsi que quelques plans panoramiques somptueux, sillonnant la belle France, mais se débrouille maladroitement en terme d'émotions avec l'enchaînement de séquences belliqueuses et rebutantes (les scènes Cornillac avec son fils, l'amitié Bouli Lanners / Clovis Cornillac …). De même, l'humour mal placé ( le personnage qui trace la ligne d'arrivée) ou peu délicat (le rappeur Armstrong), et les rebondissements (l'anéantissement du héros face aux accusations de dopage, la fugue du fils) ne fonctionnent guère.
Bilan : « Le Tour de France, qu'on aime ou qu'on n'aime pas, ça fait partie du patrimoine : grâce à ça, ça nous permet de rentrer dans l'histoire et de révéler ce qu'on est nous-même, avec la volonté, la passion, le courage », déclare Laurent Tuel en interview. Si la volonté est bel et bien présente dans « La Grande boucle », le résultat final n'en est que plus frustrant, avec ce film flanqué d'un aspect ouvrier repoussant.