Gareth Evans récidive avec son Raid, offrant, sous l’appellation indonésienne Berandal, une suite à son choc de 2012, l'assaut sommaire et barbare d'un repaire de criminels fous dangereux. Pour l'occasion, au vu du succès du premier film, le budget alloué au metteur en scène britannique est revu à la hausse, sacrément à la hausse. Il en découle donc un film nettement plus ambitieux que le précédent, notamment sur le plan scénaristique. Il ne s'agit plus alors d'un simple raid. Il ne s'agit plus de tuer ou mourir, mais d'un polar d'action. Du film d'action Alpha, la franchise est passée au film de gangster, infiltration, trahison et tout le tremblement en renfort. Retour donc à Jakarta pour deux heures et trente minutes de violences, d'empoignades et de règlements de comptes.
Budget supérieur rime forcément avec réalisation plus soignée, décors plus variés et scènes de combat toujours plus folles. Garteh Evans, en fin metteur en scène, utilise une fois encore tout les capacités qui sont les siennes et celles de ses techniciens pour offrir un film qui ne lésine sur absolument rien. Toujours plus de sang, toujours plus de coups, toujours plus de violence, certes, mais le franchise se dote maintenant de somptueux décors d'intérieur, boîte de nuit, club chic et autres monuments de la capitale indonésienne. On passe non seulement la seconde, mais la troisième et quatrième vitesse, pour terminer, en sautant sur la cinquième, en sixième rapport. Pour bien démarrer son moteur surpuissant, le réalisateur nous offre une scène de combat général, dans la boue, au cœur d'une prison peu engageante. Une scène tout simplement magnifique et par ailleurs, diablement compliquée à filmer.
Paradoxalement, le charisme des personnages, quasi absent du premier volet, semble enrouer un peu la machine. Le héros du moment, Rama, n'est plus une machine implacable et sans esprit, mais une machine douée de sentiments. Et justement, ses sentiments ne semble pas toujours compatibles avec sa vie d'infiltré, père absent et suicidaire qui cours les rues pour régler leurs comptes à une multitudes de caïds des arts martiaux, tous forcément des truands au service de parrains de la pègre peu scrupuleux. On note qu'en toute démesure artistique, le réalisateur nous offre une scène de combat dans une ruelle neigeuse, cadre aux antipodes du climat tropical de la péninsule. Cette séquence métaphorique peut démontrer à elle seul le désavantage des envolées lyrique du scénario, parfois brouillon ou tout du moins embrouillant. Alors que l'écriture de cette suite façon polar laissait entrevoir une petite bombe inoubliable, on sent pourtant que Gareth Evans ne semblait pas prêt de délaisser les séquences de combat, au détriment d'une narration laborieuse.
En voulant donc rendre sa franchise plus polyvalente, les têtes pensantes derrières The Raid sont passés partiellement à coté de la cible. Oh, le film n'en reste pas moins une petite barre de dynamite, visuellement du moins. On retrouve d'ailleurs les sublimes séquences de baston qui ont fait la force du premier opus, voire en mieux, mais l'on ne comprend pas toujours ou le scénario nous emmène, dans les méandres un peu copistes des œuvres de Scorsese, De Palma et j'en passe. 13/20