Abandonnant l'aspect minimaliste du premier volet, Gareth Evans décide de faire de "The Raid 2" un vrai film de mafia.
Et, bien que cette ambition est tout à son honneur, le récit est encore une fois la vraie problématique de cette suite.
Il va falloir que Evans comprenne qu'il n'est pas fait pour écrire ses histoires.
Car, je comprends ses inspirations, d'une certaine manière il cherche à faire son "Election" en y insufflant son cinéma et sa mise en scène complètement dingue.
Malheureusement Evans n'est pas To, et si le cinéaste hongkongais parvenait à créer un récit passionnant au sein de ce milieu criminel, tout en racontant quelque chose de consistant et de vraiment signifiant sur le pays, Evans quant à lui ne semble pas avoir le talent (d'écriture j'entends) de ses ambitions.
Alors certes, le long-métrage n'est en rien ennuyeux, il est même extrêmement divertissant, mais cela n'est clairement pas dû à ce qu'il raconte.
Le récit accumule les poncifs, et peine à créer le moindre enjeu.
Je connais déjà cette histoire, je l'ai déjà vu, donc je sais exactement à quoi m'attendre en ce qui concerne l'évolution des personnages, et vers quoi tout cela mène.
Et c'est vraiment dommage, car on perd l'imprévisibilité du premier volet (qui avait aussi des failles) et bien qu'il nous mène jusque la fin sa trop de réticence de notre part, il faut être honnête, c'est tout sauf passionnant.
Toutefois, il y a des qualités d'écriture qui ne peuvent être nié.
Et si Evans est à l'aise dans sa construction de l'action, il l'est tout autant dans la manière avec laquelle il joue avec les codes du genre, voir des genres.
J'en prends pour exemple le personnage avec la batte de baseball, qui fait évidemment penser à un tueur de slasher.
Et le cinéaste joue avec cela, cette imagerie, ce long moment durant lequel il traine sa batte avant de commencer l'exutoire de violence que représente un tel film.
Et là "The Raid 2" m'intéresse, quand il arrête de chercher à me raconter quelque chose et qu'il limite ses personnages à des silhouettes suffisamment charismatique pour que ce qu'il se passe à l'écran soit percutant.
C'est à ce moment que tout le talent de metteur en scène de Evans se fait ressentir.
Car si je trouvais le film précédent virtuose et viscéral, c'est un autre cap qui est passé ici.
Tout va plus loin en terme de chorégraphie, d'intensité et de mise en scène.
Le cinéaste rend tout ce qu'il filme impressionnant, notamment grâce à un sens du cadre et du mouvement rare, tout en parvenant à ne jamais être une redite du premier volet, et même, et c'est là que l'on tient ce qui rend "The Raid 2" si divertissant, à ne pas se répéter d'une scène à l'autre.
C'est ce renouvellement constant, couplé à une mise en scène virtuose, qui fait passer les 2h30 à une vitesse folle.
Et, même si la force et la longueur des scènes peuvent devenir éprouvantes au point de sentir une certaine lassitude, "plus" n'aurait pas été "trop".
Gareth Evans offre avec "The Raid 2", une oeuvre beaucoup plus ambitieuse que son ainée, et même si le cinéaste ne semble toujours pas avoir la maturité de proposer un récit, et une écriture globale, en adéquation avec ses intentions et sa mise en scène, reste que sa générosité et sa puissance formelle inouïe excuse tout ce que je peux avoir à redire.