C'est sûr, quand on vient d'un bled du Pays de Galles, qu'on s'expatrie à l'autre bout de la planète pour faire des films et qu'après un ou deux essais passés assez inaperçus on touche le jackpot en réalisant "The Raid", film d'action ultime, culte instantané et gros succès commercial mondial au vu de la mise de départ, il y a de quoi ne plus se sentir pisser. On n'en voudra donc pas trop à Gareth Evans d'avoir eu les yeux un peu plus gros que le ventre au moment de s'atteler à la séquelle de son chef-d'œuvre, assez logiquement et sagement intitulée "The Raid 2". Car oui, "The Raid 2" souffre un peu de ses ambitions, entre saga criminelle haut-de-gamme et tragédie grecque, ambitions un poil trop grandes pour les épaules de Gareth Evans. On nage un peu dans les clichés des nombreux sous-genres abordés : film de prison, guerre des gangs... et surtout film de flic infiltré à la "City on Fire", "Infernal Affairs" ou bien évidemment "A toute Epreuve" de John Woo dont l'ombre plane sur ce film au moins autant, si ce n'est plus, que sur le premier. Dans cet océan de clichés, les personnages semblent agir un peu comme des automates (le parrain, son fils fougueux et frustré...) ou passer leur temps à courir après les évènements, même le héros, Rama (Iko Uwais), dont la présence dans la seconde moitié du film est justifiée uniquement par et pour les scènes de baston. Des sous-intrigues prometteuses sont reléguées à l'arrière-plan (le second flic infiltré) et d'autres plus bancales sont mises en avant (le tueur à gages soutien de famille), là encore dans le seul but d'introduire une scène d'action. Une scène d'action qui se révèlera dantesque. Car voilà, quand je parle d'ambitions trop grandes pour les épaules de Gareth Evans, je parle en terme d'écriture uniquement parce qu'en terme de réalisation, le gars n'a de leçons à recevoir de personne. Et quand il s'agit d'en mettre plein la vue, attention messieurs-dames ! Plans léchés, mouvements de caméra virtuoses (et pas seulement dans les scènes d'action), découpage précis... toute la panoplie de la belle image est là. Quant à l'action, plus diluée que dans "The Raid" que ça soit dans le temps (forcément, le film dure 2h30, durée qui passe finalement très bien, contrairement à mes craintes d'avant-séance) ou dans l'espace (on sort du huis-clos de l'immeuble, cette virée dans les rues de Djakarta permettant au passage une scène de course-poursuite en bagnoles impressionnante), elle est de très haute volée grâce notamment à des cascadeurs toujours aussi inconscients et à des artistes martiaux au top de leur forme : Iko Uwais, bien sûr, mais aussi Yayan Ruhian ou Cecep Arif Rahman. Et puis merde, même si j'ai pu reprocher plus haut le manque de consistance des personnages, comment ne pas tomber à genoux devant le duo ultra iconisé Baseball Bat Man/Hammer Girl (Hammer Girl, putain, Ham-mer-Girl !). Des personnages comme ça, des scènes d'action à couper le souffle, une BO parfaite... et on oublie bien vite les promesses narratives non tenues. Et là, putain, quel panard ! Certes moins définitif que "The Raid", "The Raid 2" est quand même à ranger avec ce qui se fait de mieux dans le genre bis violent et jouissif.