Après relecture de ma critique du surprenant The Raid, je me suis rendu compte d'avoir été quelque peu sévère avec ce film honnête, intense et sacrément percutant. The Raid 2, lui, se propose de reprendre le flambeau, un scénario digne de ce nom en plus. Et pour moi, il réussit haut la main son pari risqué en mixant film de gangs, thriller et film d'arts martiaux, proche des grands thrillers hong-kongais, bourré de références, de Scorsese à Chan-Wook. D'ailleurs et puisqu'on en vient à parler coréen, je trouve que The Raid 2 rappelle beaucoup The Murderer de Na Hong-Jin, dans son bain de sang ultra violent duquel personne ne réchappe. Seulement, The Raid 2 possède une tenue bien supérieure, qui lui confère une efficacité redoutable, sans jamais prétendre à grand chose de plus que le divertissement. Pourtant, l'écossais Gareth Evans pourra sans doute aspirer à plus, quand on constate sa maîtrise de la caméra et ses vraies prétentions formelles (sinon artistiques), même en dehors des combats. La grâce de beaucoup de plans est indéniable, et Evans sait les manier avec un sens de l'épique et de la poésie noire très aiguisé, maintenant l'intensité tout au long des 2h 30 de film. Et quand arrivent les combats, c'est carrément toute une grammaire cinématographique nouvelle qu'il invente, étalant une incroyable faculté de conserver dynamisme et impact sans accélérer le montage, pour un résultat parfaitement lisible et extrêmement accrocheur. D'un point de vue de l'action pure, The Raid 2 n'a pas d'équivalent sur ces dernières années, tant les morceaux de bravoure s'amoncellent. En parallèle, ce sont les cadavres qui s'empilent dans un scénario qui craint un peu de bouleverser les codes du genre (rappelant Infernal Affairs) mais se donne suffisamment de coffre pour tenir la distance. Mieux ; les personnages sont développés, plutôt bien étudiés et surtout très bien joués (étonnant casting indonésien !). Je regrette juste qu'Iko Uwais montre trop vite ses limites de comédien, limites qu'au moins il dépasse sans cesse sur le plan des combats. Mais quand même, tout ce travail narratif, auquel le découpage rend parfaitement justice, maintient l'intensité du premier opus tout en apportant un surplus d'ampleur non négligeable. Vraiment, je souhaite bonne chance à qui souhaitera se lancer dans un film d'arts martiaux après ça. Parce que de chance, il en aura sans doute autant besoin que de talent.