Une claque monumentale, et un gigantesque iceberg : voilà ce qu’est Berandal, suite tant attendue du fameux The Raid, qui n’était au bout du compte qu’une mise en bouche, son sommet visible. Son succès mérité aura en tout cas servi à merveille de tremplin à Gareth Evans, lui permettant de réaliser son projet originel, alors métamorphosé en The Raid 2. Et quel pied, bon sang quelle démonstration de force ! Tout ce qui faisait la force du premier opus, Berandal le transcende avec un brio dément, tout en explorant un univers mafieux ne demandant qu’à l’être ; il y a donc une réelle avancée en terme d’intrigue, et si celle-ci n’est pas exempte de tout reproche, car notamment très fouillis et quelquefois confuse, elle s’avère aussi dense que captivante. Ce monde tortueux se révèle à nous pour notre plus grand plaisir donc, et l’on peut dire que celui-ci recèle bon nombre de figures charismatiques, souvent improbables mais foutrement marquantes (marteaux & baseball) ; on peut toutefois regretter une carence d’approfondissement concernant certains de ces protagonistes, mais les faits sont là : Berandal arbore une trame bien plus travaillée que ce que les films du genre ont à proposer d’ordinaire, aussi je lui pardonne volontiers ces petites approximations. Dans le fond le long-métrage s’en sort donc plutôt bien, et c’est sans surprise sa forme qui nous subjugue avant tout : de celui-ci je retiens donc une mise en scène de Gareth Evans ayant grandement progressé, et qui couplée à un budget plus confortable donne lieu à une pléiade de plans vraiment réussis, pour ne pas dire géniaux. La photographie n’est également pas en reste, tandis que le rythme prenant fait preuve d’une tension allant croissante, alors parfaitement alliée à une BO une fois encore percutante… cet ensemble délectable sert ainsi pour le mieux la mise en place de scènes d’affrontements toutes, je dis bien toutes, ahurissantes, tant elles sont dantesque à n’en plus finir. Et l’on avait beau savoir que Berandal ne prendrait pas de gants, qu’il serait au moins au niveau de son prédécesseur sur ce point, on est ni plus ni moins estomaqué, abasourdi, médusé devant un tel déferlement de violence chorégraphiée à la perfection, voire avec grâce ; le film ne manque d’ailleurs pas de nous faire penser à un certain Kill Bill, tant il atteint des pics de brutalité vertigineux, parfois même en feignant de continuer à n’en plus finir… excessif ? Non, rien de redondant, on est tout bonnement happé au sein de cette spirale de violence étourdissante, énorme, presque insensée tant les personnages repoussent sans cesse les limites du possibles, et Berandal nous réserve par la même occasion une myriade de dommages physiques au réalisme (notamment sonore) incroyable… on se tort plus d’une fois sur son siège en somme ! Bref, The Raid 2 est déjà plus culte que le premier du nom, tant il le dépasse sur tous les plans, fort de séquences d’action mémorables (toutes mériteraient d’être mentionnées, à commencer par l’affrontement général dans la cour de prison, et le face à face final en cuisine) ; le scénario correctement travaillé est également satisfaisant, dotant Berandal d’une complexité narrative inédite pour un divertissement de cet acabit, alors parfait visuellement parlant. Une claque vous disais-je. Vivement le troisième et dernier volet… mais Gareth Evans sera-t-il en mesure de faire mieux ?