Le film Les Insectes de Feu atteste un goût pour l’épouvante animalier cher au cinéma fantastique des années 70 : Phase IV, sorti un an auparavant, mettait en scène une invasion de fourmis, L’Inévitable catastrophe proposera, trois ans plus tard, une attaque d’abeilles tueuses. Le long métrage de Jeannot Szwarc s’empare du cafard, en particulier l’espèce connue sous le nom d’eurycotis floridana, réputée pour sa taille importante, comme menace sortie des profondeurs de la terre et décidée à pulluler telle une pandémie. Loin de se contenter d’illustrer sa propagation, le réalisateur prend le soin de faire ressentir sa présence au spectateur par le biais d’un travail du son remarquable – la musique électronique de Charles Fox ainsi que les bruitages créent une atmosphère sonore fort déplaisante – qui donne l’impression d’écouter pendant une heure et demie un « bug » informatique. Les insectes sont là, on les entend mais on ne les voit pas. Ça grouille sous les pieds, ça crépite au plafond, là derrière la voiture, un son parasite. Les cafards sont ici sources d’écœurement : ils dégradent ce qu’ils mangent, détruisent leur environnement en projetant du gaz enflammé, s’activent dans l’évier pendant que James Parmiter se sert un verre de lait, absorbent la côtelette de viande posée sur la table ; quant au chat qu’ils ont dévoré, on le sort de sa boîte pendant un déjeuner à la cantine. Les insectes apparaissent comme des consommateurs, des corps s’agglutinant à d’autres corps qu’ils sucent, creusent, ingèrent ; ils mangent et attaquent des parties du corps inhabituelles, de l’oreille à la paupière. Le long métrage réussit à répugner sans tomber pour autant dans le gore gratuit, représente de façon efficace cette menace rampante et invisible. Deux ans après Extreme Close-Up, Jeannot Szwarc effectue une entrée concluante dans le cinéma de genre type série B qui annonce son prochain film, Les Dents de la mer : deuxième partie.