S'extasier, se méprendre, se questionner sans cesse, être sans voix, tenter le rationnel, vouloir savoir, être impressionné... Un mélange d'émotions, un changement d'état incessant pendant 1h30, tel est ce que propose Enemy.
Réflexion tout d'abord, la quête du combat intérieur, chercher à atteindre le modèle de l'homme parfait, peut-être trop superficiel, mais parfait, avoir une famille intacte, normale, et être un père digne de ce nom, qui ne s'égare pas dans l'adultère. Vaincre ses démons s'avère difficile quand l'on est un homme troublé, proie à une bipolarité instable, à la tentation d'aller prendre du plaisir dans un sexe-club aux allures néfastes, même quand on est un simple prof d'histoire vivant paisiblement.
Raisonnement, la solution au problème, l'extinction de sa mauvaise personnalité, pour vivre une vie calme, presque ennuyeuse, un cycle qui se répète. Chercher à devenir un être normal sera semé d'embûches, car la tentation guette, les araignées sont partout, et ne cherchent qu'une chose : Rompre ce lien.
Dans Enemy, les personnages se révèlent être une seule et même personnalité, un être absolument torturé, cherchant à tout prix une vie utopique qu'il n'atteindra jamais. Perdu dans un onirisme inquiétant, voire troublant, Jake Gyllenhaal se méprend et désire casser ce cycle, cette "vie" qu'il mène, et ne plus souffrir, pour ne plus être son propre ennemi.
Un puzzle, qui déroutera les moins passionnés, mais qui attisera la curiosité des demandeurs, une multitude d'indices dissimulés, éparpillés, de façon à cacher la vérité, pour proposer ainsi deux histoires qui se rejoignent.
"Le chaos est un ordre qui n'aurait pas encore été déchiffré."
C'est un vide intérieur, un personnage qui se prend pour son double, qui est étudié selon deux hommes totalement différents, et pourtant pareils, l'un complétant l'autre. Si Anthony est en proie à ses pulsions sexuelles, Adam n'ose pas s'engager et préfère coucher tous les soirs avec une femme qu'il n'aime peut-être pas réellement. Les femmes sont leur problème, leur tyran. Si Anthony est l'acteur raté, Adam est le prof d'histoire normal. Un paradoxe, et pourtant, pour obtenir la récompense d'être un homme sans histoire, un des deux protagonistes devra être terrassé.
Enemy est une étude du subconscient, de ses paradoxes et ses failles. Un film mystique qui met en avant la femme, la pose sur un piédestal et la sublime, c'est elle qui dirige les hommes, les convainc à adopter un style de vie sans trouble, mais les attire vers leurs propres démons également, les soustrait d'eux-mêmes. Une fabuleuse quête de paix, un cycle qui ne s'interrompt pas, car la présence de conscience nous l'interdit.
C'est une histoire peut-être sombre mais réaliste, située dans un endroit flou, une ville immense mais laide, superposée d'une photographie jaunâtre splendide. Une guerre intérieure analysée de fond en comble à merveille. Un chef-d'oeuvre analysable et visionnable indéfiniment.