Auréolé du succès de Prisoners, Denis Villeneuve entreprend audacieusement un cinéma plus exigeant avec ENEMY. Porté par un impeccable Jake Gyllenhaal, le protagoniste principal heurte son double parfait dans une ambiance sordide et fascinante, méli-mélo de toiles et de symboles. Plus les questions se posent et moins les réponses sont claires dans ce Toronto ambré, cité des mystères abritant de simples mots, de discrets regards et des images iconiques jamais vaines et systématiquement splendides. De la romance au thriller en passant par le fantastique pur, la clé finit par ouvrir une porte grinçante sur la tragédie humaine, l'ahurissante conclusion invoquant son inévitable métamorphose en farce dans le macrocosme des terreurs des mortels, grotesques et magnétiques. Radical, mystique et fascinant, ENEMY est une langoureuse main à huit doigts qui vous étrangle, ode magnifique à la subjectivité et ses interprétations.
Avant d'en dire davantage sur ce film, je vais pour une fois reprendre le synopsis du film sur Allociné : "Adam, un professeur discret, mène une vie paisible avec sa fiancée Mary. Un jour qu'il découvre son sosie parfait en la personne d’Anthony, un acteur fantasque, il ressent un trouble profond. Il commence alors à observer à distance la vie de cet homme et de sa mystérieuse femme enceinte. Puis Adam se met à imaginer les plus stupéfiants scénarios... pour lui et pour son propre couple". Tout d'abord, ce film consacre définitivement Denis Villeneuve comme réalisateur de grand talent, ses deux précédents films, Incendies et Prisoners, ayant d'ailleurs été nommés dans deux Top 10 par Noir Amer. Le film, absolument envoûtant, vous plonge dans un calvaire mental que l'on partage avec le personnage principal. Est-il en présence d'un parfait sosie ou est-ce son cerveau qui lui joue des tours ? Voilà un film qui nous amène à la réflexion et qui compte sur l'intelligence du spectateur. La figure de l'araignée, que l'on sait proche de la figure maternelle dans la psychologie, est omniprésente, jusqu'à la scène finale, magnifique d'intensité. Un film à voir, à revoir et à analyser, du genre de ceux dont l'on adore discuter entre amis, dont le scénario nous fascine, mais qui est également magnifiquement filmé et joué. Un inévitable de cette année 2014.
Métaphore psychologique écrite dans ses moindres détails par Villeneuve et interprétée en toute maîtrise par un Jake Gyllenhaal époustouflant. On pourrait se torturer l'esprit à essayer de décoder toutes les clés, mais je crois que c'est assez évident dans son analyse finalement. spoiler: [spoiler]un homme en proie à son subconscient qui culpabilise de tromper sa femme enceinte... [SPOILER] les araignées sont aussi piegeantes que les femmes pour Adam, et je rejoins tout à fait l'analyse du fossoyeur de films présente sur le bluray. A voir et à ressentir...
Jake Gyllenhaal, deux fois ! Personne ne s'en plaindra tant cet acteur excelle dans le double jeu d'Enemy, exercice cinématographique fort conceptuel mais troublant et "questionnant" au même titre que Prisoners du même Denis Villeneuve. Un cinéaste que beaucoup ont découvert avec Incendies mais dont toute la filmographie est passionnante de Polytechnique à Maelström en passant par Un 32 août sur la terre. Cependant, le réalisateur canadien semble avoir pris un nouveau virage avec Prisoners et cet Enemy, adaptation d'un roman de Saramago. Il nous plonge ici dans un récit schizophrène, lent et maîtrisé, une variation sur l'identité jusqu'aux confins du fantastique. Le scénario en lui-même est relativement limité, propice à toutes les interrogations mais la forme a du chien, glacée jusqu'à l'os, dans ses silences étouffants, ses regards perdus et son évocation vertigineuse de l'architecture d'une ville. Il faut un peu perdre pied et se laisser prendre par la main pour apprécier pleinement l'expérience. Cela vaut vraiment le coup car la dimension ludique voire comique n'est pas aussi absente que cela dans cet objet énigmatique et psychologique.
Toujours très hypnotique, le cinema de Denis Villeneuve cherche la réflexion et les multiples interprétations. Via un scénario parfois brouillon mais très précis dans ses détails qui alimentent une base simpliste, le canadien finit par séduire son spectateur, aidé par Jake Gyllenhaal, jusqu'à cet étrange final. Un film deep élégant et exigeant.
Après l'excellent "Prisoners", un thriller psychologique à l'ambiance glaciale aux multiples rebondissements, Dennis Villeneuve récidive avec un thriller qui diverge énormément de son prédécesseur, un film labyrinthique cauchemardesque orchestré d'un main de maître. Tourné avant "Prisoners" mais sorti presque un an après pour des raisons de production et de marketing, "Enemy" est un film vertigineux aux complexités scénaristiques hallucinantes. Le long-métrage présente Adam Bell, un professeur d'histoire désordonné et discret qui mène une vie morne avec sa petite amie. Un soir, alors qu'il matte un film conseillé par un de ses collègues, il aperçoit son sosie parfait. Perturbé et stressé, il enquête alors sur l'identité et la vie de ce mystérieux double, et essaye de rentrer en contact avec lui. Adapté du roman "L'autre comme moi" de José Saramago, le cinéaste canadien s'appuie sur un scénario dantesque et ambitieux tant il est difficile de comprendre l'intégralité de la bobine en un seul visionnage, surtout après ce twist final perturbant. Aux commandes, Dennis Villeneuve travaille comme un architecte en construisant minutieusement son récit et semble être le seul à connaître tous les plans de son édifice. Il réalise un véritable tour de force dans cet oeuvre puissante qui confère au spectateur une expérience cinématographique unique. Son cinquième long-métrage jouit d'une réalisation impressionnante de maîtrise, servie par une mise en scène qui envoie du tonnerre. L'ambiance s'installe dès la scène d'ouverture, grandiose et dérangeante, et ne nous quitte plus d'une semelle. Tantôt paranoïaque, tantôt angoissante, elle doit sa réussite au génie de son auteur ainsi qu'à une musique d'une subtilité déconcertante. Avec "Enemy", Denis Villeneuve expose le problème de conscience mentale et de schizophrénie, si chère au septième art. Le réalisateur laisse discrètement une multitude d'indices en apparence inutiles mais qui trouvent leur utilité lors d'un second visionnage plus attentif. La ville de Toronto dépeinte comme un champ d'immeubles asphyxiés et embrumé couleur sépia est en quelque sorte une métaphore de l'esprit du protagoniste. Jake Gyllenhaal, habitué au rôle du torturé psychologiquement et ce après "Donnie Darko", excelle dans son double jeu et parvient à interpréter deux personnages foncièrement différents. Malgré un rythme trop lent et le manque de dialogues, "Enemy" est une petite petite en matière d'intelligence qui confirme encore une fois que Dennis Villeneuve est un cinéaste hors-pair.
Je m'attendais à un film sur la schizophrénie et le dédoublement de la personnalité qui m'aurait dérangé autant qu'avaient pu le faire dans des registres différents "Funny games" ou "Requiem for a dream" mais j'ai trouvé là un thriller à la fois psychologique et fantastique, complexe et alambiqué, aux lectures possibles multiples. Une claque cinématographique qui me fait penser à "Memento" ou "L'invasion des profanateurs" de 1978, une mise en scène impressionnante, une photographie blafarde, brumeuse et une bonne interprétation de Jake Gyllenhaal mais un rythme désespérément lent. Oeuvre de génie ou grosse arnaque ?
Jake Gyllenhaal incarne un professeur et son sosie qui est un acteur de cinéma dans ce film brillant de Denis Villeneuve. Une double performance pour cet acteur prodigieux dans ses rôles intimismes. Une belle interprétation de femme délaissée pour Mélanie Laurent. Isabella Rosselini interprète la mère du double parfait, un jeu intriguant de la part de cette grande actrice de cinéma hollywoodien.
Avec une ambiance minimaliste et une image bien léchée, Enemy est un excellent film, avec un scénario qui tient bien la route. Parfois monté comme un thriller, parfois comme fantastique, parfois comme SF, etc. l'avantage de ce film réside justement là. Dans ce mélange de genre qui fait que l'ensemble reste très agréable à suivre. La comparaison avec Lynch est, de mon point de vue, irréaliste. Certes, il faut suivre attentivement, et décoder des indices disséminés dans le décor, mais l'intégralité reste assez à portée et facile à décoder.
Un film qui reste en tête et qui ne demande qu'à être revu et revu pour tout saisir! Mais le réalisateur sait laisser la place à l'imagination du spectateur pour qu'il interprète comme bon lui semble le message de ce chef d'oeuvre!
Un film excellent très subtil et bourré de connotations psychologies passionnantes à décrypter qui raconte la vie de couple difficile et frustrante au travers d un dédoublement de la personnalité. Mais à ne pas mettre entre toutes les mains les bas de plafond amateurs de pop corn auront du mal à suivre....
Dès le début le puzzle s'installe, sème le doute et prend aux tripes. Compliqué mais maîtrisé, "Enemy" ne laisse pas indifférent, et Jack Gyllenhaal non plus.
Pour la critique d'Enemy, cinquième film du canadien Denis Villeneuve, on va un peu modifier les habitudes (comme le fait le film, toute proportion gardée) en commençant par parler d'une des affiche du film. Celles-ci sont toutes vraiment très belles et très originales mais une se détache des autres lorsque l'on a vu le film. Celle avec la bouille de Gyllenhaal où le haut de son crâne dessine la ville de Seattle avec une sorte d'araignée la surplombant. Elle résume à elle seul le long métrage de Villeneuve, si Prisoners était un film de commande (y'avait un script, fallait un réal, c'est tombé sur Villeneuve) et donc un film à la mise en scène plus modeste (sans pour autant être mauvaise), ici on assiste à un pur produit Made in Villeneuve. Il s'agit de son script (écrit avec son co-scénariste Javier Gullon), de sa mise en scène, aucune société de production pour le faire ch*er, c'est son délire. Et son délire serait à ranger du côté du surréalisme avec cette ville aux accents si familiers et pourtant semblant si imaginaire aux yeux du spectateur. Villeneuve s'amuse énormément avec les perspective et l'architecture de certains immeubles aux formes arrondies, à la limite du déformées. On assiste même à un plan de la ville en contre-plongée, scindé en plusieurs parties par des câbles électriques. Cette ville est à l'image de l'état mental de son personnage principal, incapable de discerner le vrai du faux comme le spectateur alternant le point de vue adopté, tantôt celui d'Adam Bell (Jake Gyllenhaal) à celui d'Anthony Saint Claire (Jake Gyllenhaal bis). Cet esprit de confusion est symbolisé par cette araignée, de simple mygale à la scène d'ouverture à un véritable cauchemar de 2 mètres de haut à la fin, les incertitudes de Bell et du spectateur s'accentuant à mesure que cette araignée grossisse. L'histoire n'est alors (malheureusement) qu'un prétexte à la mise en scène, se résumant à la recherche du double pendant 50 minutes et à la confrontation des deux pendant les 40 dernières minutes, elle-même se résumant à un anti-climax dont l'on pouvait attendre quelque chose de bien plus vicieux. L'ambiance n'en reste pas moins excellente, angoissante et intrigante à la fois avec sa musique aussi tendue que les câbles électriques de Seattle ainsi qu'à sa photographie jaune pisse à la Jeunet donnant un aspect repoussant aux intérieurs, ça et la noirceur de ceux-ci. Jake Gyllenhaal retrouve pour la première fois Denis Villeneuve, paradoxe s'expliquant par le fait qu'Enemy ait été tourner avant Prisoners et signe un joli retour aux sources avec son personnage proche de Donnie Darko, l'adolescent schizophrène du film éponyme de Richard Kelly. Schizophrène, dans ce film, il l'est peut-être... peut-être pas. Encore une fois, le réalisateur canadien laisse le choix au spectateur quant à une plausible explication à tout ce thriller, il dissémine quelques indices par ci par là mais en laissant aux spectateurs les interprétations de ceux-ci. Enemy est donc une oeuvre très spécial, qui ne se fera pas que des amis et en laissera beaucoup sur le carreaux de par son absence d'histoire vraiment accrochante et son aspect surréaliste brouillant quasiment toutes les pistes et nécessitant quelques instants de réflexions avant de trouver une cohérence au long-métrage. Un exercice de style en attendant de re -"tourner" à Prisoners.