Véritable dernier chef d'oeuvre du très regretté Stanley Kubrick, méprisé à tort par les critiques américaines lors de sa sortie en salles, "Eyes Wide Shut" est un film fort, puissant, choquant, obsessionnel à tous les niveaux. Obsessionnel au niveau d'abord du sexe, qui s'apparente finalement plus à des fantasmes. Fantasmes du personnage de Cruise, le médecin William Harford, qui se manifestent initialement par des visions, des flashs de l'adultère rêvé de sa femme, car elle le dit elle même, elle n'en a eu que l'idée... Fantasmes ensuite de femmes inconnues, d'une prostituée dont il ne profitera même pas, d'orgies gigantesques... Et si rien ne parait réel dans ces rêves d'épanouissement sexuel, la peur, l'angoisse est elle bien réelle. L'angoisse de la vie commune, l'affaiblissement d'une relation, l'angoisse, aussi de tromper, lorsqu'il revient en pleurs demander pardon à sa femme alors qu'il n'a jamais agi... Cet aspect se révèle même par delà l'affiche, à travers l'expression du regard de la belle Nicole Kidman. Enfin, dernière obsession, celle des yeux, du regard... Le regard des personnages, la vision des rêves, de la réalité. Le regard du spectateur, en tant que voyeur. Regard même prononcé par le titre paradoxal : "Eyes Wide Shut" ou littéralement les yeux grand fermés... Que l'on peut interpréter par les yeux fermés du rêveur et les yeux écarquillés du voyeur...
Film complexe, cérébral, avec une mise en scène toujours propre, toujours propre à Monsieur Kubrick. Film mûr, angoissant, obsessionnel, onirique mais aussi profondèmet humain. Comme toujours, les faiblesses de l'homme sont largement prononcées... Toujours symétrique, lumineux, magistral et sublimé par la musique... Oui, contrairement à ce que disaient ces infames critiques américains, c'est du Kubrcik. Et quel Kubrick !