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betty63
22 abonnés
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4,5
Publiée le 29 septembre 2014
Atiq Rahimi nous entraine dans une histoire fantastique où il a su transcrire en gestuel ce qu'il avait mis en mots et le résultat est un vrai bonheur. Ce monsieur est un poète et le choix de ses acteurs, des lieux de tournage ne sont certes pas un hasard mais un choix savamment travaillé dans lequel Golshifteh Farahani évolue avec sa sensibilité toute naturelle dans de belles robes, avec de belles attitudes, avec de belles émotions et quelques secrets à nous faire partager, tout doucement, sans heurts. Syngué Sabour est une pierre de patience qui m'a touché en plein coeur. Tashakor !
L histoire est extrêmement forte, cette femme afghane dont la vie a été dictée par sa famille puis son mari qui se retrouve livrée à elle même alors que ce dernier grièvement blessé se retrouve à l état de légume elle va se lancer dans un long monologue et lui raconter sa vie. L actrice est exceptionnelle (la fatalité se lit littéralement sur son visage) seulement ce long monologue est un mode de narration avec lequel j ai eu beaucoup de mal. Ce fut très intéressant à voir mais ce ne fut pas du grand cinéma.
Difficile de transposer au cinéma une œuvre littéraire dont le principal texte est un monologue avec un homme dans le coma. Même quand le réalisateur est l'auteur du livre en question... Certes, on retrouve tous les éléments du livre, de sorte à avoir les images en plus du texte. Mais le procédé trouve ses limites, et à moins d'avoir lu le livre qui remporta le prix Goncourt en 2008, ce qui est mon cas, le spectateur pourrait vite tomber dans l'ennui le plus profond. A noter néanmoins une interprétation sans fausse note de la part de la charmante Golshifteh Farahani. Et quelques moments suffisamment forts pour réveiller l'intérêt du spectateur.
Une jeune femme est au chevet de son mari plongé dans le coma - dérisoire... ce chef de guerre afghan a reçu une balle dans la nuque à la suite d'une querelle privée. Même si "blanchi sous le harnois" prématurément, on voit d'emblée qu'il est beaucoup plus âgé qu'elle - il est fréquent de marier de très jeunes filles avec des barbons, dans ce pays où la femme n'est qu'une marchandise, un bien que l'on échange (son père avait donné en paiement à un créancier quadragénaire sa soeur aînée, alors âgée de 12 ans), "qu'un bout de viande", pour le plaisir du mari et l'assurance d'une descendance. Mâle, de préférence. La jeune femme n'a elle réussi qu'à engendrer deux filles, en dix ans d'union (mais deux ans effectifs tout au plus, tant les campagnes de son mari ont été longues). Abandonnée par sa belle-famille, sans argent, dans une ville bombardée, puis envahie par les miliciens, elle réussit à retrouver une tante qui lui a déjà été précieuse dans le passé, tenancière d'un bordel. "Elle" va faire des allées et venues entre la maison close où ses fillettes sont en sécurité, et sa demeure, proie des bombes. Se muant en Shéhérazade, elle raconte par le menu à son mari sous perfusion (qu'elle a installé dans un renfoncement mural, caché sous une tenture) non pas des contes comme la légendaire esclave de harem, mais, au fil de ses visites, tout en prenant soin de lui, avec un dévouement exemplaire, sa triste existence, ses souvenirs, ses douleurs, ses espoirs, ses secrets.... Jusqu'à ce que cette singulière "Pierre de Patience" arrive à saturation. Ce récit oriental est porté à l'écran par l'auteur du roman originel (goncourisé), un intellectuel afghan réfugié en France, Atiq Rahimi. "Elle", c'est la belle Iranienne (réfugiée en France aussi) Golshifteh Farahani ("A propos d'Elly"). Avec retenue (mise en scène), mais force (monologues). La condition de la femme musulmane est un enfer sur terre - surtout dans les pays les plus obscurantistes (dans cette région du globe, ce sont les pays à mollahs, talibans et tchadors, les "républiques islamiques", comme l'Iran, le Pakistan et l'Afghanistan). Le parcours personnel de l'héroïne sans nom de "Syngué Sabour", s'éveillant à la sensualité et à l'indépendance (à la vie, tout simplement) est d'autant plus exemplaire... Un superbe film.
Ne parlons pas de chef d'oeuvre mais de film absolument envoutant. On pourrait aussi écrire bouleversant, émouvant... mais surtout pas larmoyant. L'actrice principale est pour beaucoup dans cette impression d'authenticité et de réalisme...
Terrible et magnifique... ou l'inverse. Que la route est encore longue pour la liberté des femmes ! Une idée formidable que de filmer cette jeune épouse dont la parole se libère devant son mari mourant et inconscient. Tout cela sur fond de guerre au quotidien, mais comment peut-on vivre ainsi ? Comment pouvons nous tolérer ce malheur à nos portes ? Des images superbes, une actrice sublime... Si vous avez raté ce film l'an dernier, cherchez-le !
Un très beau film, tout en finesse et rempli de poésie, qui nous en apprend beaucoup sur la vie intime des femmes afghanes, et rend hommage à leur patience et à leur courage. La guerre ne fait pas rage qu'à l'extérieur mais aussi DANS les maisons et DANS les coeurs. A voir absolument !
Pas besoin d'avoir lu le roman homonyme d'Atiq Rahimi (Prix Goncourt de 2008) pour apprécier la beauté de ce film. C'est véritablement un chef d'oeuvre spirituel et poétique. L'absence de musique et l'image très épurée contribuent à l'ambiance presque surréelle dans laquelle Golshifteh Farhani mène son monologue. Probablement le meilleur film d'auteur de ce début de siècle.
Atiq Rahimi a adapté son propre roman, qui dépeint la société supra-machiste afghane où la femme n'est qu'un objet. Un très beau film mais avec une vraie déception qui est la fin. Elle laisse en effet une impression d'eau de boudin car elle n'amène pas de vraie conclusion.
Sur le papier, ce deuxième film de Atiq Rahimi, adaptant son propre roman, était passionnant. Sur le papier, mais un peu moins sur l'écran, malheureusement. La belle idée était de centraliser le récit sur la parole d'une femme afghane qui, à cause d'une situation au départ tragique, trouve l'occasion de se libérer enfin, de chercher les mots à mettre sur ses sentiments, de se dévoiler (dans tous les sens du terme) pour devenir la voix de toutes les femmes soumises, à Kaboul et ailleurs. Un concept intéressant au service d'une noble cause, l'émancipation féminine. La métaphore de la pierre de patience, empruntée à la mythologie perse, est parfaitement utilisée dans ce contexte où la patience et la parole sont bien difficiles à trouver. Et puis, dans les qualités, il est difficile de ne pas évoquer la grande prestation de l'actrice principale, Golshifteh Farahani. Elle porte tout le film sur ses épaules, ou disons plutôt : sur ses lèvres. Une grande prestation dramatique, pour une actrice qui semble capable d'interpréter tous les grands rôles du répertoire théâtral, ce rôle-ci ayant parfois des airs de tragédie théâtrale, comme une Antigone contemporaine. Voilà sans doute la meilleure raison de tenter ce long-métrage. Pour le reste, je pense malheureusement que Rahimi s'est retrouvé prisonnier de sa belle idée, en s'enfermant dans sa structure conceptuelle, qui devient alors trop théâtrale et prévisible. Le monologue en huis-clos n'évite pas le piège de la répétition, du didactisme imposant au spectateur quoi penser (et pourtant il y avait un potentiel poétique et métaphorique ouvrant aux interprétations multiples!) et la conclusion se voit venir un peu trop facilement. La photographie est pourtant réussie, et la mise en scène minimaliste arrive à créer quelques beaux moments de pudeur, d'intimité authentique. Le film reste donc intéressant et original, mais dans l'ensemble, on se dit un peu trop souvent qu'il convient mieux à un forme littéraire ou théâtrale que vraiment cinématographique.
La belle Golshifteh Farahani incarne à merveille cette jeune victime culturoreligieuse qui devra, comme bien d'autres d'ailleurs , user de subterfuges pour survivre dans cette dictature islamiste, terriblement hypocrite et hostile à l'épanouissement, même le plus légitime, des femmes. Le commerce d'enfants et de toutes jeunes filles "au nom d'allah" est d'une indécence à la limite du supportable. J'en savoure d'autant plus la chance que j'ai eu de naître ici en france de parents civilisés et respectueux de mon intégrité. Joli film qui en dit long sur le supplice quotidien de toutes ces enfants, de toutes ces filles et de toutes ces femmes. عار على هذه الكلاب المسعورة.
Il était une fois un homme plongé dans un sommeil profond dont il ne pouvait s'extirper. Alors que nombre de ses proches l'avaient abandonné pour fuir la guerre, seule sa femme continua de veiller sur lui. Elle en profita pour lui dire tout ce qu'elle avait sur le coeur, et avouer ses secrets les plus enfouis.
Universel par l'absence de noms donnés aux personnages, Syngué Sabour peut être perçu comme un conte philosophique sur le statut des femmes dans la religion musulmane. Réalisée par le propre auteur du roman éponyme, cette oeuvre possède une véritable structure littéraire. Avec des ellipses et des chapitres bien distincts, le récit démarre réellement quand la femme commence à se livrer vers son mari, inconscient. Cette constante voix (parfois off) qui s'adresse à lui se dirige aussi explicitement vers nous.
Nous sommes les premiers réceptifs à cette critique qui est faite de la religion, et non de la politique (aucun conflit n'est mentionné). Et la magnifique Golshifteh Farahani, au passé douloureux, nous fait très bien passer le message. En parlant sans même ouvrir la bouche, avec des yeux trahissant une cruelle tristesse et un désespoir grandissant, elle hésite à se livrer. À l'image de cette caméra jamais statique qui nous offre de très beaux plans.
On peut se demander quelle est la nécessité d'adapter ce genre d'intrigue au cinéma. Et c'est vrai que cette transposition s'avère lente à certains moments. Mais grâce à ce faux huit-clos à l'ambiance étouffante, et une relation parallèle (le soldat bègue) subtile et bien pensée, Syngué Sabour captive par son propos. L'islam n'est pas la seule visée dans ce film, car le sujet peut être étendu à toutes autres sociétés souffrant d'inégalités. Qu'elles soient humaines ou sociales.
Je n'avais pas accroché au prix Goncourt 2008 d'Atiq Rahimi Aussi suis-je allé sans enthousiasme voir l'adaptation qu'il en a faite pour le cinéma. La condition féminine des femmes en Afghanistant, leurs mariages forcés, la négation de leur sexualité et de leur liberté, sont des sujets hélas rebattus. Leur traitement par Atiq Rahimi évite l'académisme démonstratif qui aurait fait la joie en son temps des "Dossiers de l'écran".
Dans Kaboul, sous les bombes, une femme veille son mari plongé dans le coma. Encouragée par son silence, elle lui livre ses angoisses, ses doutes, ses espérances. On apprend les conditions traumatisantes de son mariage, sa sourde rebellion et sa découverte du plaisir physique dans l'adultère. Le livre se réduisait à un huis clos étouffant et à un long monologue intérieur. C'était sa force. C'était ausi sa limite. Et le film aurait couru à l'échec s'il avait décalqué son modèle littéraire. Avec son co-scénariste Jean-Claude Carrère, Atiq Rahimi a accepté de trahir son livre et de faire sortir son héroïne de sa maison, de la faire dialoguer avec d'autres personnages : ses voisins rendus fous par les bombardements, sa tante, prostituée dans une maison close.
Le film se clôt par un coup de théâtre proprement saisisissant qui, à lui seul, dans une scène d'anthologie éminemment cinématographique, justifie la vision de ce beau film sage. Et Golshifeth Farahani est si belle ...