L’ambiance générale du film véhicule un sentiment de lassitude pesante et de répétition ennuyeuse, mécanique, celle de ces petites gens de Pékin, galériens d'une promesse de bonheur brisée. Malgré la dureté d'une vie de "rats", de l'inhumanité d'un système qui promettait monts et merveilles, on les voit accepter leur sort ou tenter de s'en sortir -toute expression de révolte étouffée d'avance-, pour tenir et espérer face à l'adversité d'un monstre froid tentaculaire, une ville qui semble dévorer leur joie et les entraîner malgré eux dans un univers d'absurdité désenchantée. Ils ont certes dépassé la tentation du désespoir mais leurs désirs d'amélioration se retrouvent avalés par une résignation qui semble avoir contaminé les esprits. On les voit donc hésiter entre un espoir fragile, touchant, et une acceptation de l'absurdité capitaliste, de sa violence glacée, sans âme, désincarnée. Le film, simili-documentaire qui n'en est pas un, n'offre rien de verbeux ni de très construit, enchaînant des tranches de vie pour le moins rébarbatives, au risque de faire passer au spectateur un sale moment, pour tout dire plutôt déprimant. L'image n'est pas laide et l'exposé de cet envers du décor soutient l'intérêt et, pourtant, contrairement au film alors sorti en parallèle, AU-DELÀ DES MONTAGNES, c'est bien l'ennui qui finit par gagner, jusqu'à l'envie d'en sortir rapidement! BEIJING STORIES n'a en effet rien d'un divertissement ni d'une histoire romancée, si ce n'est le lien ténu qui relie, par le hasard d'une même galère, les deux mal logés ainsi que ce vieux couple de banlieue, dont le terrain est menacé de destruction par la voracité des promoteurs immobiliers. L'austérité volontaire, dérangée par quelques fragiles éclats et pudiques sentiments, la lourdeur de l'exposé, rendent BEIJING STORIES on ne peut moins séduisant.