Ce film est l'oeuvre de Dyana Gaye, une réalisatrice de nationalité franco-sénégalaise de 38 ans, qui s'est fait connaître avec " Transports en communs", un moyen métrage dont j'avais entendu parler et qui a connu un beau succès d'estime, une comédie musicale qui transposait l'univers de Jacques Demy... dans un car au Sénégal!!
Le Sénégal, et plus précisemment Dakar, c'est encore un des lieux choisi par la réalisatrice franco-sénégalaise comme décor de son premier long, mais à égalité avec deux autres villes internationales, à savoir Turin (que la cinéaste connait bien, sa mère étant italienne) et New York, cette ville du melting pot où tous les postulants migrants rêvent un jour d'y vivre, et une ville (comme elle l'a dit lors de sa rencontre après le film) qu’elle admire et dans laquelle elle avait toujours révé d'y tourner.
En effet, le scénario de "Des Etoiles" suit, à travers ces trois agglomérations, les destins de Sophie, Abdoulaye et Thierno, trois personnages qui se croisent et résonnent les uns avec les autres, en dessinant une constellation vivante de l’exil. Trois histoires qui vont peu à peu se tisser entre ces personnages issus en fait d’une même famille sénégalaise explosée entre Turin, New York et Dakar. À mesure que les jours passent, des résonances se créeront entre ces personnages, dans la diversité des villes qu’ils traversent, des villes si différentes de prime abord, et néanmoins rassemblées sous le même ciel étoilé que promet le titre.
Si l'on met un peu de temps à comprendre le lien entre ces 3 histoires et qu'on puisse trouver un poil trop facile que le point de départ de chaque histoire part d'un rendez vous manqué (l'immigrant vient rendre visite à une personne qui est au même moment parti dans un autre pays où il doit rendre visite à quelqu'un qui est également parti), le scénario va s'emboiter très vite avec une très belle fluidité et une réelle maitrise, et ces destins croisés nous font humer un parfum des meilleurs Inarritu (on pense à un "Babe",l mais moins sombre et moins survolté), avec en plus, une belle réflexion sur les vicissitudes de l’immigration et la beauté des rencontres que l'on fait, plus ou moins fortuitement.
Avec ce premier long-métrage doux et sensible sur l'exil et sur le déracinement, Dyana Gueye a réussi le pari d'être au plus près de l'intimité, des doutes, et des solitudes des protagonistes de ces trois histoires croisées. On évite largement et avec bonheur les scènes redoutées et déjà vues ailleurs sur le parcours du combattant d'un immigré (il est vaguement question de carte de séjour ici ou là, mais très brièvement), pour aborder des thèmes plus originaux, ceux de sa propre recherche d'identité, de la difficile émancipation des femmes africaines, d’une jeunesse forcément tournée vers un ailleurs plus rose....
Et le film, qui pourrait être plombant, au vu des épreuves que traversent parfois les personnages principaux (trahison, décès, décès, résilience...), est traversé par un humanisme et un optimisme jamais béat.
Les trois villes sont admirablement filmées (avec une très belle bande sonore, d'une couleur musicale différente en fonction de l'endroit) sans que, pour autant, la cinéaste ne porte un regard de touriste dessus, car c'est vraiment avant tout les personnages plus que les décors qui l'intèressent; ces personnages, qui, comme la fin du film nous le dit, forment ces millions d’étoiles en mouvement qui arriveront parfois à se rencontrer pour former une constellation qu'on appelle aussi la solidarité.