Pour l’instant, de ma rétrospective Fabrice Luchini, cet Alceste à bicyclette est le moins mauvais film que je vois avec lui. C’est loin d’être tonitruant, mais enfin, on peut lui accorder la moyenne.
En premier lieu par quelques qualités formelles. Le film reste un peu trop tiède à mon sens, jouant la carte de la retenue subtile, mais se prenant finalement les pieds dans le tapis de la préciosité exagérée. Problème notoire du film dans presque tous ses aspects. Ainsi le réalisateur tente de ci de là des effets de style (la scène de la voiture par exemple) qui viennent casser le classicisme du reste, mais il ne pousse pas ses tentatives et cela reste des effets épars sans grand fondement. On sent aussi une attention portée à l’ambiance de l’Ile de Ré, à ses couleurs, à sa lumière, mais le film se passe surtout dans des intérieurs, et les gros plans sur les personnages, récurrents, ne permettent pas de profiter pleinement du cadre. La photographie reste un bon point, en sobriété, tout comme la musique, délicate et raffinée.
Le scénario n’est pas complètement abouti. Il y a de bonnes idées, et une certaine ambition pourrait-on dire, mais le résultat ne tient pas vraiment. Lent, on sent surtout les éléments prétextes pour faire de ce qui aurait très bien pu être un moyen métrage un long métrage. La venue de Zoé, totalement inutile, la présence de Maya Sansa qui ne sert pas à grand-chose, les personnages apparaissent d’ailleurs et disparaissent presque aussitôt. Il ne faut pas se voiler la face, il n’y a pas beaucoup de matière dans ce film, et le scénario en ajoute artificiellement mais pas forcément pour notre grande joie car c'est assez inutile.
Reste le casting. Lambert Wilson est bon, c’est un fait, les seconds rôles ont été laissé aux oubliettes comme celui de Maya Sansa. En gros ils ne servent strictement à rien, bons ou mauvais acteurs. Reste le cas Luchini. Il semble être dans son élément, et pourtant il ne m’a pas pleinement convaincu. Son personnage est difficilement crédible, et son style toujours assez artificiel ne permet pas vraiment de lui accorder une crédibilité supplémentaire. Luchini c’est une grande linéarité de jeu, et à mon sens dans un métrage un peu inerte comme celui-ci, un Luchini ce n’est pas possible ! Heureusement qu’il y a Wilson.
Au final Alceste à bicyclette est un film unanimement encensé ou presque par la critique, je dirai que sans être le plus mauvais Luchini, c’est un petit film bien mineur, audacieux peut-être, mais au traitement trop timoré. 2.5.