Malgré une première partie pour le moins laborieuse, le film de Justin Chadwick prend des allures de Biopic respectueux et respectable. Oui, alors que le hasard du calendrier aura bien fait les chose, le décès de Nelson Mandela concordant avec l’avant première londonienne du film, inutile de pousser la publicité outre-mesure afin que le public s’intéresse au film, intitulé sobrement Mandela, un long chemin vers la liberté. Le risque était alors immense pour le cinéaste et ses acteurs, d’autant qu’Idris Elba, excellent au passage, incarnait une légende encore vivante à l’heure du tournage. Oui, ne perdons pas de temps à disserter sur la vie et les actions du leader charismatique sud-africain, sur le bienfaiteur de la cause noir post Apartheid, tout le monde connaît l’histoire.
C’est dans cette optique là que Chadwick à travailler, persuader de rendre hommage au grand homme d’avantage que de renseigner son public. L’on conçoit dès lors sans peine le difficulté de la tâche dont s’en fort bien acquittée le metteur en scène. Faire de la vie de Mandela un film de 2 heures et 25 minutes représentait le défi singulier de ne jamais trahir la mémoire, de ne jamais se répéter et d’essayer perpétuellement d’innover dans la narration. Dès lors, les séquences s’enchaînent très rapidement, trop parfois, faisant souvent passer tels ou tels évènements comme futiles. Si l’on prend acte que Chadwick ai d’avantage travailler à décrire l’homme en surface et non en profondeur, admettons que son mode de fonctionnement est juste.
Il convient aussi d’avouer que la séquence médiane ou l’homme du peuple noir est derrière les barreaux est sans conteste la plus intéressante du film. Sans doute plus touchante, plus facile à mettre en scène que l’ascension brouillonne de cet avocat de Johannesburg au sein de l’ANC, toute la période d’incarcération de Mandela semble avoir été la réelle inspiration du réalisateur. L’on conçoit dès lors facilement les souffrances d’éloignement, d’ignorance, dont à été victime le futur président. Contraint de vivre en cage aura sans doute été le plus difficile pour lui, qui voulait avant tout être le principal acteur du changement dans sa nation. Notons qu’accessoirement, sa relation avec son épouse, Winnie, là encore brillement interprétée par Naomi Harris, est difficile à juger selon le travail du metteur en scène.
Pas parfait, loin de là, mais relativement habile, cette biographie filmique de Nelson Mandela vaut pour son devoir de mémoire. Respectueuse, sans doute parfois trop lisse, cette œuvre touchante, surtout du fait de l’immense charisme d’Idris Elba dans la peau de Mandela, rempli son cahier des charges et n’a à rougir devant personne. Certes, l’on connaît plus intéressant que passer une soirée devant la biographie express d’un homme décédé récemment, paix à son âme, mais cela s’avère finalement plutôt salutaire pour notre culture général. Par ailleurs, le tout, monté à la façon strict des grands hommages hollywoodiens, est loin d’être déplaisant visuellement, à l’exception parfois de maquillages un peu grossiers. 13/20