Cassie Sullivan est une jeune fille tout à fait normale. Comme toutes celles de son âge, elle est blonde, fait ses études à l'université, est amoureuse du plus beau type de sa classe (capitaine de l'équipe de football américain : caricature, quand tu nous tiens!) mais attention, détail encore plus flagrant : elle a un petit frère et des parents qu'elle aime! Ou toute la réinvention scénaristique d'Hollywood au service d'une oeuvre d'art persuasive dans ce qu'elle propose. Blague prise à part : "The Fifth Waves" empile de façon admirable les clichés et ne propose qu'un ramassis de situations réchauffées. Et on pouvait s'attendre à tellement mieux, pourtant, vu le matériau de base qui proposait bon nombre d'autres choses d'autant plus savoureuses qu'une histoire d'amour hautement ridicule, entre des acteurs possédant autant de charisme que des poissons morts et une actrice (Grace Moretz donc) interprétant la fillette pour des raisons fiscales. Mais voilà, des méchants extraterrestres arrivent, préfabriquent un twist (le seul, mais n'en demandons pas trop) et se font exploser, eux et leur base, car au bout d'un moment ils ne servent plus à rien. Il y a certaines bonnes idées qui traînent dans ce long-métrage, dont surtout une de mise en scène : un travelling arrière dans un arbre, une sorte de contre-plongée qui n'en est pas une. Soyons précis : la Cassie du film s'est réfugiée, en compagnie de son petit frère, dans un arbre pour échapper à un véritable déluge d'effets spéciaux. Si c'est mal joué, on ne peut pas retirer le fait que ces quelques plans soient bien filmés, avec cette caméra qui commence près des corps, qui traverse le feuillage de l'arbre pour terminer sa route dans le ciel, à observer des montagnes d'eau se déversant sur les routes de terre. On voit bien le réalisateur J.Blakeson demander à ses estimables et estimés producteurs si il peut tourner "une scène pareille". Ces derniers lui ont sûrement exprimé leur peur la plus intense de l'inconnu en utilisant ces termes : "Mais, J.B., voyons, tu es sûr et certain qu'il ne sera pas trop feuillu, ton plan? Car tu sais bien qu'il faut que notre public comprenne ce qu'il voit"! Beaucoup de scènes pourraient être des exemples de ce qu’il ne faut pas faire dans une oeuvre de science-fiction lorsqu’on possède un minimum de budget, comme cette mise en place d’un dramatique de situation aussi idiot que les personnages eux-mêmes. Liev Schreiber doit être le seul à bien savoir se débrouiller dans ce monde pro-adolescent, qui caresse ces derniers dans le sens du poil pour mieux les accueillir, eux et surtout leurs billets, bras ouverts et queues en l’air. Et il faut dire qu’à notre époque, où tout film de ce genre est torché puis projeté à la va-vite, il est de plus en plus difficile de trouver un long-métrage qui combat les codes et impose une véritable lecture de la société, singulière et puissante. Alors, avant que celui-ci n’arrive, on se console en riant de tous les défauts livrés sur un plateau d’argent réutilisé par des producteurs et non plus par des réalisateurs, ou lorsque le dollar, cette saleté de maladie, remplace l’envie de procurer une émotion au spectateur, c’est là qu’on obtient une soupe amère d’effets spéciaux certes pour la plupart réussis, mais déjà-vus au moins un millier de fois auparavant. Comment écrire une critique après ça? Il faut du temps, car le temps apporte de l’inspiration, ce que certains studios ne comprennent toujours pas. Navrant de par sa pauvreté scénaristique, « The Fifth Waves » n’est que le petit film d’action désolant du dimanche soir, qu’on regarde puis qu’on oublie aussi vite et qui est projeté sur la première chaîne de votre téléviseur. Quelle histoire!